dimanche 6 août 2017
St Basile Le Grand : comment toujours rendre grâce [2]
"Que dirons-nous à cela ? Sans doute saint Paul a-t-il d’autres objets en vue, lorsqu’il s’efforce d’élever en haut et de porter à la contemplation des choses célestes nos âmes qui rampent sur la terre ; des hommes qui ne peuvent atteindre les hautes pensées du législateur, qui, semblables à des animaux vivant dans la boue, se plongent dans des passions charnelles et terrestres, demandent si les préceptes de l’Apôtre sont possibles. Saint Paul demande de se réjouir toujours, non à des hommes ordinaires, mais à ceux qui lui ressemblent, à ceux qui ne vivent plus dans leur chair, mais qui ont Jésus-Christ vivant en eux, parce que l’union étroite avec le souverain bien ne permet pas de sentir les maux qui affligent la chair. Oui, quand bien même la chair serait coupée en morceaux, le mal reste dans le corps, sans pouvoir arriver jusqu’à la partie intelligente de l’âme. Si, suivant le précepte de l’Apôtre, nous avons mortifié nos membres terrestres (Col 3, 5), si nous portons dans nos corps la mortification du Seigneur Jésus (2 Co 4, 10), il arrivera nécessairement que les coups portés à un corps mortifié ne parviendront pas jusqu’à l’âme qui n’aura plu avec le corps aucune communication. Les affronts, les pertes de biens, les morts des proches, n’iront pas jusqu’à l’âme, et ne l’abaisseront pas à s’inquiéter des maux corporels. Si ceux qui tombent dans des malheurs pensent comme l’homme parfait, ils ne lui causeront point de peine par leurs chagrins, puisqu’eux-mêmes supportent sans peine ce qui leur arrive. S’ils vivent suivant la chair, ils ne lui causeront pas encore de peine, mais ils seront jugés par lui dignes de pitié, moins à cause des disgrâces qu’ils éprouvent, qu’à cause de leur mauvaise disposition. En général, une âme parfaitement soumise aux volontés du Créateur, qui met son plaisir à contempler les beautés célestes, ne perdra point sa joie et son contentement au milieu de toute cette foule de maux qui affligent la chair ; mais ce qui est pour les autres un sujet de tristesse, sera pour elle un surcroît de satisfaction. Tel était l’Apôtre, qui se complaisait dans ses faiblesses, dans ses afflictions, dans ses persécutions, qui se glorifiait de sa pauvreté et de ses besoins. Il s’applaudissait de la faim, de la soif, du froid, de la nudité, des détresses, enfin de tous les maux qui rendent les autres insupportables à eux-mêmes et leur font trouver la vie ennuyeuse." (à suivre)
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