lundi 1 décembre 2014

Saint Porphyre le Kavsokalyvite fêté le 2 décembre




Apolylikion. Tone 1. Au Citoyen du désert.
Semence d'Eubée,
Ornement de l’univers
Intime de l’essence de la théologie,
Et véritable ami du Christ,
Porphyrios, venez fidèles, honorons-le,
Lui qui a été rempli de tous les dons de la grâce depuis l'enfance.
Les possédés du démon sont rachetés,
Et les malades sont guéris qui s’exclament avec foi :
Gloire à Celui qui t’a donné ton énergie,
Gloire à Celui qui t’a sanctifié,
Gloire à Celui qui opère à travers toi les guérisons de tous.


Kondakion. Tone Plagal 4. À notre Protecteur. 
Temple très sacré du Paraclet 
et très aimé de la Toute Pure Déipare, 
Porphyre, louons-le de tout notre coeur. 
Lui qui aime et guérit et protège tous 
et intercède afin que nous parvenions à la déification. 
Pour tout cela nous nous écrions : Réjouis-toi, Père Porphyre. 


Megalynarion
Réjouis-toi trésor des dons de la grâce
 et source miraculeuse de guérisons. 
Réjouis-toi nouveau prophète de l'Église, 
Porphyre, Trois fois béni, 
Gloire de l'Athos.

(traduction en français par Maxime le minime)


Saint Monastère de la Transfiguration du Sauveur 
à Milesi de Malakasa près d'Oropos, en Attique,
 monastère fondé par St Porphyre



vendredi 10 octobre 2014

Les saints de Dieu entendent votre prière par St Jean de Kronstadt

Si, étant dans une réunion d'hommes, vous appelez une personne connue de vous, et qu’elle vienne à vous; si vous demandez à un ou plusieurs hommes employés par vous de faire quelque chose pour vous dans la limite de sa ou de leur capacité, et qu’ils répondent à votre demande, satisfaisant votre désir, et même répondant au-delà de votre désir, alors soyez assurés que, de même, dans l'Église de Dieu, dans cette grande maison de Dieu divisé en deux moitiés - la céleste et la terrestre - l'un des membres de l'Église dans le Ciel que vous invoquez viendra à votre aide spirituelle selon sa grâce et l'abondance de son amour . Demandez-lui de faire quelque chose pour vous qui vous rende heureux, en particulier tout ce qui concerne le Royaume et la justice de Dieu, et il le fera de par son association étroite avec Dieu, source de grâce et de puissance. Les saints de Dieu vous entendent aussi - comme, par exemple, toute la communauté vous écoute quand vous priez ou récitez la Parole - car ils sont dans le Saint-Esprit, et l'Esprit est présent partout, et remplit toutes choses. (version française de la source par Maxime le minime)

samedi 13 septembre 2014

Exaltation de la Précieuse Croix

Ami des hommes, nous nous prosternons devant l'arbre de ta Croix 
sur lui tu fus cloué, toi la Vie de tous les êtres ;
au bon Larron qui dans la foi se tourna vers toi,
Sauveur, tu as ouvert le Paradis;
et il obtint l'éternelle béatitude en te criant: 
Souviens-toi de moi, Seigneur ;
tout comme lui, reçois-nous qui te crions:
nous avons tous péché,
ne nous méprise pas, dans ton immense compassion.


Dès que fut planté l'arbre de ta Croix, 
ô Christ, tu ébranlas les assises de la mort; 
car Celui qu'il avait englouti avidement
l'Enfer l'a rejeté dans l'épouvante
Dieu saint, tu nous as montré le salut 
et nous te rendons gloire :
Fils de Dieu, aie pitié de nous.

(Cathisme I, t. 1 et Cathisme II, t. 6 des matines de l'Exaltation de la Précieuse Croix)

mercredi 10 septembre 2014

SUR LA PRIÈRE (13et fin) par St JEAN CHRYSOSTOME - LA PRIÈRE ET LA GUERRE


La prière, c‘est la source du salut, pour l'âme le principe de l'immortalité, pour l’Église un rempart indestructible, un fort inébranlable : terrible au démon, elle est salutaire aux cœurs religieux. C’est la prière qui donna la vie au prophète Samuel tandis que la nature condamnait sa mère à la stérilité, la prière vint efficacement suppléer  à l'impuissance de la nature (I Reg. 1). Tel a été le fruit de la prière, tel est le prophète auquel la prière a donné la vie. Aussi Samuel est-il devenu célèbre dans les cieux, ayant imité les anges au delà des forces humaines. Tel devait être cet épi de la prière; il devait s’élever au-dessus des autres par son amour du bien, ses mœurs vertueuses; il devait se distinguer des saints qui l'avaient précédé, comme on voit dans les moissons des épis magnifiques se distinguer de tous les autres. C'est avec la prière que David vint heureusement à bout de si nombreuses et de si terribles guerres. ll ne mettait pas les armes en mouvement, il n'agitait pas les javelots, il ne brandissait pas le glaive; les prières étaient toute sa défense. C’est avec la prière qu'Ézéchias mit en fuite la  multitude des Perses. Tandis que ceux-ci approchaient des murailles leurs machines de guerre, Êzéchias n’avait pour défense que ses prières, et la prière terminait la guerre sans l'intervention des armes, sans que le clairon sonnât, sans que l'armée sortit de son repos, sans qu’elle usât de ses armes, sans que la terre fût ensanglantée : il suffit de 1a prière pour frapper les ennemis d'épousante.
C'est encore la prière qui sauva les Ninivites, qui détourna la colère céleste prête à éclater sur eux, et qui les tira promptement de la corruption où ils vivaient.  Telles sont en effet, la vertu et la puissance de la prière qu’à peine eut-elle pénétré dans cette ville livrée depuis longtemps aux vices et aux turpitudes, qu’elle en changea la face tout entière et qu’elle y introduisit avec elle la chasteté, l'affection, la concorde, le soin des pauvres et toute sorte de biens. De même qu'une reine entrant dans une ville attire à sa suite une foule de richesses ainsi la prière lorsqu'elle entre dans une âme, y est suivie de toutes les vertus. Ce que l'édifice  est aux fondements, l’âme l'est à la prière. À nous donc de l'établir solidement dans nos âmes comme une racine et un fondement, puis d’élever avec ardeur la tempérance, la mansuétude, la justice, le soin des pauvres, et toutes les lois du Christ, afin de vivre désormais conformément à ce qu’elles prescrivent et d’obtenir les biens célestes par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel  gloire et puissance soient au Père, en l'unité du Saint Esprit, dans les siècles des siècles. 
St Jean Chrysostome (Sur la prière)


lundi 1 septembre 2014

SUR LA PRIÈRE (12) par St JEAN CHRYSOSTOME : la prière peut facilement arracher les hommes aux dangers qui les menacent

Nous connaissons les recommandations que l'Apôtre écrivait à tous les hommes : "Appliquez-vous à la prière, avec persévérance et actions de grâces: priez en même temps pour moi, afin que ma bouche s'ouvre et parle avec confiance et qu'elle annonce le mystère de l'Évangile" (Col. 4;2-3). Que dites-vous là? Quoi! la prière nous donnerait une telle confiance, que nous oserions supplier le Seigneur en faveur de Paul? Et quel soldat oserait intercéder en faveur de son général ? Or jamais général n’a été chéri de son prince comme Paul l’a été de Dieu. Eh bien, telle est la dignité dont la prière est la source qu’elle permet de supplier Dieu en faveur de Paul. L’illustre Pierre aussi qui était plus resplendissant que le ciel, fut délivré de la prison, sans doute à cause de ses vertus et en vue du salut de l'humanité, mais encore parce que les prières de l'Église ouvrirent sans résistance les portes fermées de la prison. Luc n'a pas écrit sans motif que l'Église entière ne cessait de prier en faveur de Pierre: il voulait nous apprendre que la prière est assez puissante dans les cieux pour soustraire aux dangers
Pierre et Paul, les colonnes de l’Église, les coryphées de apôtres, dont la gloire atteignait jusqu’au ciel, les remparts de l’univers, la sécurité de la terre et de la mer tout l'ensemble.

Dites-moi comment Moïse a sauvé Israël dans les combats? Laissant les armes et les bataillons à son disciple, n’opposa-t-il pas ses prières à la foule des ennemis, nous montrant de la sorte, que les armes, les chevaux, les richesses, les armées sont bien moins puissantes que les prières des justes? C'est pourquoi une armée entière, d'innombrables tribus avaient dans la prière toutes leurs espérances de salut. Moise priait-il, les Juifs étaient victorieux : suspendait-il sa prière, les Juifs reculaient devant leurs adversaires (Ex.17;10-11)). Et nous aussi, nous triompherons aisément du diable par la prière, au lieu que par l'indifférence nous attirerons sur nous la rage de l’esprit mauvais. Le peuple ayant commis l'impiété, Moïse le sauva par sa seule prière; par la prière, il lui obtint la faveur divine et des biens incalculables. C'est à la prière qu'il dut lui-même de se rapprocher par sa vie des habitants des cieux. La prière a maîtrisé la violence des flammes, elle a adouci des lions; l'histoire de Daniel d'un côté, celle des trois enfants de l'autre nous l'apprennent (Dan. 6;14). C'en est assez, je pense, pour montrer que la prière peut facilement arracher les hommes aux dangers qui les menacent.

mercredi 27 août 2014

SUR LA PRIÈRE (11) par St JEAN CHRYSOSTOME La prière transforme les hommes en des temples du Christ

Mais il nous faut vous dire maintenant à combien de justes il a été donné de sauver par leurs prières, des peuples, des cités et la terre entière.
À parler de la prière, c’est de Paul le premier qu'il faut parler, de Paul insatiable du culte de Dieu, de Paul notre commun père et le chef des serviteurs du Christ. Or cet apôtre à qui l'univers était confié assurait par ses continuelles prières le salut de toutes les nations, disant sans cesse : "C'est pourquoi je fléchis le genou devant le Père de Notre Seigneur Jésus Christ, de qui toute paternité découle au ciel et sur la terre; afin que par les richesses de sa grâce il vous fortifie par son esprit dans l'homme intérieur, que Jésus Christ habite dans vos cœurs par la foi" (Ephes. 3; 14-17). Voyez-vous quelle est la vertu de la prière ?

Elle transforme les hommes en des temples du Christ : et de même que les palais des rois sont bâtis avec de l’or, des pierres précieuses et du marbre; ainsi les temples du Christ le sont avec la prière. "Afin que le Christ habite  dans vos cœurs", dit l’Apôtre. Quel plus bel éloge de la prière que cette transformation de l'homme en un  temple divin? Celui que les cieux ne contiennent pas, habite dans une âme où la prière est vivante.  "Le ciel est  mon trône, dit-il, et la terre est l'escabeau de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous  et quel sera le lieu de mon repos? " (Is. 66,1). Et voilà que Paul lui bâtit une maison par de saintes prières. "Je fléchis le genou devant le Père de Notre Seigneur Jésus Christ afin que le Christ habite par la foi dans vos cœurs"  



Voyez ici une preuve de la puissance d’une sainte prière : Paul, qui parcourait comme d’un vol rapide la terre entière, qui habitait des prisons, qui subissait les verges, qui portait des chaînes,  qui vivait au milieu du sang et des périls, qui chassait les démons, qui ressuscitait les morts, qui guérissait les maladies, ne comptait sur aucune de ces choses pour le salut des hommes ; c’est la prière qu’il donnait pour rempart à la terre; et, après ces prodiges, après avoir ressuscité des morts, il se retirait dans la prière comme un athlète couronné dans la palestre. Et en effet, la prière est inséparable de la résurrection des morts et des autres miracles; l'action que les eaux exercent sur les arbres, les prières des saints l'exercent dans cette vie. C'est parce qu’il en arrosait son âme durant la nuit que Paul bravait en se jouant tous les maux, et qu'il offrait son dos aux coups, comme l'eût fait une statue. C'est par la prière qu’en Macédoine il fit trembler la prison; c'est par la prière que, semblable à un lion, il rompit ses fers ; c’est par la prière qu’il délivra 1e geôlier de la terreur; c'est par la prière qu’il brisa la tyrannie des démons.


mardi 19 août 2014

Le diable craint le Komboskini et la prière de Jésus

Dans l'ermitage de Sainte-Anne, le moine Procope de la hutte de l’ « Entrée au Temple de la Mère de Dieu » avait grand désir d’apprendre à chanter pour glorifier Dieu, lui aussi, comme ses autres frères. Mais comme il n’avait pas une très belle voix les Pères évitaient de lui apprendre à chanter. Ce frère Procope avait reçu le don divin de dire sans cesse la prière « Seigneur Jésus Christ, fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » et de sa main gauche il tenait toujours son chapelet dont il ne se séparait jamais. Cependant il avait le plus grand désir de chanter et il était très triste de n'avoir encore trouvé personne qui le lui apprenne si bien que dans sa tristesse, il avait cessé de dire la prière. Soudain, se présente devant lui un vénérable Père qui lui était cependant inconnu et qui lui dit : « Frère Procope, qu’est-ce qu’il t’arrive, tu parais si triste ? Qu’est-ce qui te préoccupe ? ». Procope lui répond : « Eh bien, voilà mon Père : je veux moi aussi apprendre un peu à chanter mais il n'y a personne qui veut m’apprendre parce qu’ils me disent que je chante mal ». Le Père lui répond : « C’est cela qui t’inquiète mon pauvre ? Moi je vais t’apprendre à chanter. Je vais même faire de toi le meilleur chantre du Mont Athos, tu chanteras comme le meilleur des rossignols. Mais j’aimerais que tu me fasses aussi une faveur… ». « Que voulez-vous de moi ? dit Procope. Vous voulez que je vous paye ? Tout ce que vous voulez, je vous le donnerai ». Alors le Père lui dit : « Ma récompense sera que tu te débarrasses de cette chose que vous appelez chapelet et que tu cesses de dire cette chose que vous appelez "la prière" et alors moi je t’apprendrai tout ce que tu veux ». Le frère Procope dès qu’il a entendu tout cela, comprend que cette personne n'est pas du tout un moine mais le Démon rusé qui veut le faire arrêter de dire la prière. Tout de suite, il lui dit en faisant son signe de croix : « Retire-toi Satan rusé. Je n’ai besoin ni d’apprendre à chanter, ni de tes ruses, ni de tes gentillesses » et le Diable a disparu aussitôt. De cet incident, on apprend combien le Diable craint le chapelet, que les Pères appellent l’arme du chrétien contre le Diable, ainsi que la prière qui brûle le Démon. Au contraire, il ne craint pas autant les chantres ni ne les estime beaucoup car ils se déconcentrent facilement par leur chant et tombent dans l’égoïsme et la fierté. Attention alors ! (traduction Fédon version Maxime le minime de la source)

samedi 9 août 2014

Utilisation du Komboskini par Père Païssios

Geronda que signifie le komboskini [κομποσκοίνι] ? 

- Le komboskini est un héritage, une bénédiction, qui nous a été légué par les Saints Pères. Et rien que pour cela, il a une grande valeur. Vous voyez, quand le grand-père de quelqu'un lui laisse en héritage un objet même insignifiant, il le conserve comme si c’était un talisman, alors combien plus devons-nous conserver le komboskini en héritage des Saints Pères.

Dans les temps anciens, quand il n'y avait pas d'horloges, les moines comptaient le temps de la prière avec le komboskini, mais les nœuds du komboskini étaient simples. Un jour, un ascète menant de grands combats spirituels, faisait de nombreuses prosternations, etc. et le diable est venu et a brisé les nœuds de son komboskini. Le pauvre homme a alors fait prosternations sur prosternations, parce qu'il ne pouvait pas les compter pour poursuivre sa lutte, le diable ayant cassé le komboskini. C’est alors qu’un ange du Seigneur lui est apparu et lui a appris à faire les noeuds de sorte que chaque nœud soit constitué de neuf croix. À la suite de quoi le diable, qui tremble devant la croix, ne pouvait plus les briser. Ainsi, les nœuds de la corde de prière ont neuf croix, qui symbolisent les neuf rangs des Anges. 

- Geronda, il y a des komboskini de 33, 50, 100 et 300 nœuds, quelle signification a le nombre de nœuds ? 

-Seul le nombre 33 est symbolique, car il symbolise les 33 années que le Christ a vécues sur la terre. Les autres chiffres permettent tout simplement de compter les prosternations que nous faisons ou combien de fois nous disons la prière.

Certaines machines ont une corde avec une poignée pour faire démarrer le moteur, il faut tirer sur la corde fermement, plusieurs fois souvent de suite jusqu'à ce qu’il démarre. De même on pourrait dire que le komboskini est la corde que nous tirons une, deux, cinq, dix fois pour faire démarrer notre machine spirituelle et faire tourner le moteur de notre prière en l’alimentant avec du carburant spirituel jusqu’à parvenir à la prière incessante, qui plus tard, fonctionnera d’elle-même. Toutefois, lorsque nous aurons atteint le stade de la prière du cœur nous ne devrions pas abandonner le komboskini afin que d'autres qui n’y sont pas encore parvenus ne le délaissent pas également, trop tôt.

- Geronda, Quand je prends mon komboskini et que je récite la prière de façon mécanique, n’y a-t-il pas là un danger de vaine gloire [ανθρωπαρέσκειας] ?

- Si Vous utilisez le komboskini de façon tout extérieure, ce sera de la vaine gloire, et même si vos mains égrènent le chapelet, cela ne vous sera d’aucun profit. Cela ne vous apportera que de la fatigue, et l'illusion que vous êtes censé pratiquer la prière noétique.

- Geronda, Je ne suis pas habitué à porter un komboskini.

- Vous devriez en porter un de sorte que vous ne puissiez pas oublier la prière, qui doit travailler en interne dans le cœur. Quand bien sûr, vous quittez votre cellule, vous devriez vous rappeler que l'ennemi est prêt à vous combattre. Ainsi, imitez le bon soldat, qui sort de sa caserne toujours avec son arme automatique "à la main". Le komboskini a un grand pouvoir, c’est l'arme du moine, et ses nœuds sont des balles, qui tirées aux pieds des démons, font danser leurs sandales.
(in "Sur la prière",  VII  version française de la source par Maxime le minime ) 


Par les prières de nos saints Pères, Seigneur Jésus Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous! Amen!

mercredi 16 juillet 2014

SUR LA PRIÈRE (10) par St JEAN CHRYSOSTOME : la prière a la vertu d'incliner les naturels les plus mauvais à la clémence et à la miséricorde

Instruisons-nous de la sagesse cachée dans ces paroles de l'Esprit, et approfondissons-les, sinon autant quelles le permettraient, du moins autant que cela nous sera possible. Les gens qui vivent sur les flots descendent dans les entrailles de 1’abîme pour rapporter aux habitants du continent des pierres précieuses. Nous aussi qui parcourons l’océan des divines Écritures, pénétrons selon nos forces dans les entrailles de cette sagesse spirituelle, afin de vous rapporter des trésors sous lesquels vos âmes brilleront avec plus de splendeur que le front des monarques sous leurs couronnes de pierreries. La beauté de ces couronnes-ci a pour limites la vie présente ; mais celui qui donne pour couronne à son âme les sentences de l'Esprit, outre qu’il jouit durant la vie présente d'une sécurité parfaite, s'approche, après avoir quitté ce monde, du tribunal du Christ, riche en vertu et pur de toute souillure. Quel trésor vous rapporterons-nous donc de l’abîme des Écritures, encore que nous ne descendions pas au plus profond de cette sagesse, et que nous ne le fassions que dans la mesure qui nous est permise. Pour attirer les hommes a la prière et pour frapper nos âmes des avantages qu’elle procure, le Christ met sous nos yeux un juge méchant et cruel, dont les yeux étaient étrangers à toute pudeur, et qui avait chassé la crainte de Dieu de son âme. ll eût suffit pourtant de l'image d’un juge miséricordieux et juste, et du rapprochement de sa justice avec la bonté de Dieu, pour montrer la vertu de la prière. Si un homme bon et doux accueille avec bienveillance les supplications de ses semblables, à plus forte raison Dieu les accueillera-t-il, lui dont la miséricorde sans mesure surpasse et notre pensée, et celle des anges eux-mêmes. Il eût donc suffi, comme je le disais tout à l'heure, de nous offrir l'image d'un juste juge. S'il introduit un juge cruel, impie, sans entrailles, dur avec les autres, doux et humain avec ceux qui le prient, c'est pour vous enseigner que la prière a la vertu d'incliner les naturels les plus mauvais a la clémence et à la miséricorde. Pourquoi le Christ a-t-il employé cet exemple? Afin que personne n'ignorât la vertu de la prière. C'est après nous avoir offert le spectacle d'une veuve en présence du plus scélérat des hommes, et nous avoir montré l'humanité contre nature de celui-ci, qu'il passe de ce misérable à son Père si bon, si doux, si bienveillant, si miséricordieux, qui s'élève au-dessus des iniquités, qui pardonne des péchés innombrables, qui supporte les blasphèmes dont on l'accable chaque jour, qui souffre que les démons soient honorés sous ses yeux, tandis qu'on l'outrage lui-même, tandis qu'on blasphème son Fils et qu'on ajoute les crimes aux crimes. S'il supporte ces indignités avec tant de mansuétude, lorsqu'il nous verra nous prosterner devant lui avec la crainte convenable, est-ce qu'il n'aura pas bientôt pitié de nous? Écoutez ce que dit le juge d'iniquité : "Quoique je ne craigne pas Dieu et que je ne respecte pas les hommes, néanmoins à cause des ennuis que cette veuve me suscite, je lui rendrai justice." Quoi donc! ce que la crainte n'aurait pu faire, la prière l’aurait-elle fait ? Ni les menaces, ni la crainte du châtiment n'avaient déterminé cet homme à remplir son devoir : une veuve se présente et, par ses supplications, adoucit ce monstre sauvage. Que penser après cela de Dieu, qui est si bon, puisqu'une veuve suppliante a fléchi de la sorte un juge cruel? Quelle bienveillance, quelle miséricorde Dieu nous témoignera-t-il, lui qui veut toujours pardonner et ne jamais punir ; lui qui, dans son extrême charité, nous menace de ses châtiments, et nous offre de magnifiques récompenses, afin que l'espérance d’un côté nous anime à la vertu, et que la crainte de 1’autre nous éloigne du vice! Je ne puis détacher ma pensée de ce juge d'iniquité, parce que j'aperçois à travers sa douceur si peu naturelle l'ineffable bonté de Dieu. Ce juge qui n'avait jamais voulu faire quoi que ce soit de bon, change en un instant et prend pitié d’une suppliante : de quelle sollicitude de la part du Ciel ne serons-nous pas redevables à la prière? Si vous désirez connaître la vertu et la puissance d'une sainte prière, examinez et considérez les biens dont jouissent chaque jour et à chaque instant les fidèles qui ne cessent de prier le Seigneur. Qui ne sait que la lumière du soleil, des étoiles et de la lune, qu’un air sain, que des aliments de toute sorte, que les richesses, la vie et une infinité de biens, Dieu les dispense également à tous les hommes,aux justes comme aux impies, tant est grande sa bonté envers nous? S’il traite tous les jours avec une miséricorde et une générosité pareilles des êtres qui ne le prient pas et ne lui demandent rien, de quels biens ne comblera-t-il pas ceux qui passent toute leur vie à l’implorer et à le prier? (à suivre)


lundi 30 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (9) par St JEAN CHRYSOSTOME : Vous priver de la prière, ce serait retirer le poisson de l’eau


Il est impossible à l'homme de jouir de la familiarité divine en dehors de 1’action de l’Esprit : sa présence et son intervention dans les saints combats est nécessaire pour que nous les abordions, que nous fléchissions le genou, et que nous nous mettions à implorer et à prier. Comme s'entretenir avec Dieu est une chose au-dessus de l'homme, il faut que la grâce de l’Esprit vienne nous fortifier, nous affermir, et nous faire comprendre cet honneur incomparable. Aussi, lorsque vous saurez que vous vous entretenez avec Dieu et que l’Esprit agit en votre âme au moment de la prière, vous ne permettrez pas au démon de se glisser par aucune voie dans cette âme que l'Esprit a sanctifiée. Si les gens qui s'entretiennent avec le prince et qui sont honorés de sa familiarité, ne daignent plus s'entretenir avec des mendiants et des misérables; celui qui s'est entretenu par la prière avec Dieu ne daignera plus accepter l'entretien de l'esprit de malice et d'impiété. C'est l'esclave des voluptés qui s'entretient véritablement avec les démons et qui reproduit leur démence; mais celui qui pratique la tempérance et la justice, vit dans la société des anges, et imite la grandeur de leurs sentiments. À mes yeux, celui qui appellerait la prière le nerf de l'âme exprimerait la vérité. Comme les nerfs donnent au corps l'unité, le mouvement, la rectitude, la vie, la consistance, de telle sorte que, si on les coupait, l'harmonie du corps serait entièrement brisée; ainsi les saintes prières donnent aux âmes leur consistance, leur harmonie, et leur permet de fournir aisément la course de la piété. Vous priver de la prière, ce serait retirer le poisson de l’eau ; car, si l’eau est nécessaire à la vie du poisson, la prière l’est à la vôtre. C'est par la prière que vous pourrez prendre votre essor, franchir les cieux et vous approcher de la Divinité. Ces considérations suffisent pour montrer la vertu d'une sainte prière : il sera bon toutefois d’ouvrir les divines Écritures et d'apprendre de la bouche du Christ les trésors que la prière procure à ceux qui veulent lui consacrer toute la vie :

Luc 18 [1] Et il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. [2] «Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et n’avait de considération pour personne. [3] Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait le trouver, en disant : Rends-moi justice contre mon adversaire ! [4] Il s’y refusa longtemps. Après quoi il se dit : ‘J’ai beau ne pas craindre Dieu et n’avoir de considération pour personne, [5] néanmoins, comme cette veuve m’importune, je vais lui rendre justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me rompre la tête’.» [6] Et le Seigneur dit : «Écoutez ce que dit ce juge inique. [7] Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, tandis qu’Il patiente à leur sujet ! [8] Je vous dis qu’Il leur fera prompte justice.  

mercredi 25 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (8) par St JEAN CHRYSOSTOME : la prière est le principe de toute justice et de toute vertu,

Quoi de plus saint que de s'entretenir familièrement avec Dieu, quoi de plus juste, quoi de plus beau, quoi de plus sage? Si les personnes qui fréquentent des sages, arrivent bientôt par suite de ces rapports fréquents à leur ressembler, que faudra-t-il dire de celles qui par la prière conversent avec Dieu ? De quelle sagesse, de quelle vertu, de quelle intelligence, de quel amour du bien, de quelle modestie, de quelle bonté ne seront-elles pas redevables à la prière? En sorte que l'on peut dire sans crainte de se tromper que la prière est le principe de toute justice et de toute vertu, et que nul sentiment favorable à la piété ne saurait pénétrer dans l'âme sans le secours de la prière.


De même qu'une ville sans remparts tombera facilement au pouvoir des ennemis à cause de l'abandon où sont ses défenseurs, de même le démon se rendra maître aisément de l'âme que ne protège pas la prière, et il la remplira sans peine de toute sorte de péchés. Quand il voit l’âme couverte de cette armure, il n'ose s’en approcher, il redoute la force et la puissance que lui donnent les prières, car elles fortifient l’âme, plus que la nourriture le corps. De plus, ceux qui prient avec ferveur ne supportent rien qui soit indigne de la prière et par respect pour le Dieu avec lequel ils viennent de s'entretenir, ils repoussent avec promptitude les efforts de l'esprit pervers, songeant en eux-mêmes quel crime ce serait, après avoir parlé au Seigneur, lui avoir demandé la sainteté et la chasteté, de passer aussitôt du côté du démon, d’accueillir dans leur esprit les jouissances honteuses, d’ouvrir au diable un accès dans ce cœur où Dieu s’est reposé naguère, et de permettre aux démons de pénétrer dans leurs âmes lorsqu’elles ont été comblées, par la grâce de l’Esprit, de charité et de bienfaits. Comment cela, je vais vous le dire. (à suivre)

lundi 16 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (7) par St JEAN CHRYSOSTOME : Une chose est commune aux anges et aux hommes : la prière

Que la prière soit la source de tout bien, le principe du salut et de la vie éternelle, il n'est personne qui l'ignore. Cependant il ne sera pas inutile de traiter ce sujet dans la mesure de nos forces, afin que les personnes accoutumées à une vie de prière et à s'appliquer avec zèle au culte de Dieu, deviennent par ces paroles plus ferventes ; et pour celles qui vivent dans la négligence et qui laissent leur âme privée de prière, afin que comprenant le temps qu'elles ont perdu, elles n'achèvent pas de compromettre leur salut durant le reste de leur vie. 
Une grande chose que nous pouvons dire de suite sur la prière est que quiconque prie s'entretient avec Dieu. Or, quel honneur, il y a pour l'homme à s'entretenir avec Dieu, tout le monde le comprend ; mais expliquer cet honneur par des paroles, personne ne le pourrait. Cet honneur s'élève même au-dessus de la dignité des anges; et, comme ils le savent bien, nous les voyons tous dans les prophètes offrir au Seigneur avec un profond saisissement leurs cantiques et leurs hommages, se couvrir le visage et les pieds dans le respect dont ils sont pénétrés, exprimer la frayeur qui les anime par leur vol et par leur incessante mobilité ; nous instruisant, ce me semble, à oublier nous-mêmes notre humanité au temps de la prière, et dans la terreur et la crainte dont nous serons remplis, à ne voir aucune des choses présentes, à nous croire transportés au milieu de ces purs esprits pour rendre à Dieu le culte qu'ils lui rendent eux-mêmes. Si des différences profondes séparent en tout le reste la condition des anges et la nôtre ; s'ils se distinguent de nous par la nature, par la manière de vivre, par la sagesse, par l'intelligence et par une foule d'autres points, une chose est cependant commune aux anges et aux hommes, la prière, et sous ce rapport il n'y a point de différence entre ces deux natures. La prière vous sépare des bêtes, la prière vous réunit aux anges: il ne tardera pas à partager leur société, leurs moeurs, leur genre de vie, leur dignité, leur noblesse, leur sagesse, leur intelligence, celui qui s’appliquera à consacrer toute sa vie à la prière et au culte de Dieu.

dimanche 1 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (6) par St JEAN CHRYSOSTOME : Quand les démons nous voient protégés par la prière, ils s'enfuient aussitôt


Car la prière ne nous est pas moins indispensable à nous, hommes, que les eaux ne le sont aux arbres. Ni les arbres ne peuvent produire du fruit s'ils ne s'abreuvent par les racines, ni nous-mêmes ne pourrons produire les fruits précieux de la piété en dehors des eaux de la prière. Aussi faudrait-il qu’à notre lever nous prévinssions le soleil en offrant à Dieu nos hommages, et que nous les lui offrissions de même au moment de prendre notre repas ou notre sommeil : ou plutôt, à toutes les heures, nous devrions offrir à Dieu une prière et observer cette règle durant la journée tout entière. Dans la saison de l'hiver, consacrons à la prière la plus grande partie de la nuit,fléchissons le genou avec une crainte et un recueillement profonds, et cherchons notre bonheur dans le culte de Dieu. Comment, je vous le demande, regarderiez-vous le soleil sans avoir adoré celui qui envoie à vos yeux cette lumière si douce? Comment prendre votre repas sans avoir adoré l'auteur et le dispensateur de tant de biens ? Avec quelle espérance aborderez-vous le temps de la nuit, à quels rêves vous attendrez-vous si, au lieu de prendre l'armure de la prière, vous vous plongez sans précaution dans le sommeil ? Vous deviendrez facilement le jouet et la victime des démons pervers qui rôdent sans cesse et épient l'occasion où ils pourront nous surprendre, et enlever rapidement celui d'entre nous qui ne posséderait pas l'arme de la prière. Quand ils nous voient protégés par la prière, ils s'enfuient aussitôt comme des brigands et des malfaiteurs apercevant le glaive du soldat suspendu sur leur tête. Quand ils rencontrent quelqu'un dénué du prières, ils le saisissent, l'emportent et le précipitent dans le péché, dans les désastres et dans tous les maux. Que la crainte de ces dangers nous détermine à nous munir toujours des armes défensives des hymnes et des prières, afin que Dieu, ayant pitié de tous nous rende dignes du royaume des cieux, par son Fils unique, auquel gloire et puissance soient dans les siècles des siècles.

vendredi 23 mai 2014

SUR LA PRIÈRE (5) par St JEAN CHRYSOSTOME :sans la prière, rien de bon , rien d'utile au salut ne nous arriverait.

L'exemple du Publicain nous prouve que la prière purifie aisément l'âme pécheresse, car ayant demandé à Dieu le pardon de ses fautes il l'obtint aussitôt ; nous l'apprenons encore par l'exemple du lépreux qui ne se fût pas plutôt présenté devant Dieu qu’il fut sur-le-champ guéri (Luc XVIII;13). Dieu rend sur-le-champ la santé au corps malade, à plus forte raison la rendra-Il miséricordieusement  à l'âme  souffrante : plus l'âme l'emporte en excellence sur le corps, plus il est vraisemblable que Dieu lui témoigne de la sollicitude. ll serait facile de citer une infinité de traits antiques et récents, si l’on voulait énumérer tous les hommes qui ont dû leur salut à la prière.

L'une de ces personnes qui ne se sent point de zèle ni de ferveur dans la prière, objectera peut-être ces paroles du Sauveur : "Quiconque me dira : Seigneur, Seigneur, n'entrera pas pour cela, dans le royaume des cieux mais celui qui accomplit la volonté de mon Père qui est au ciel" (Mat. VII, 21). Si je prétendais  qu'il suffit à notre salut de la prière, c’est à bon droit  qu'on m'opposerait ces paroles : comme je reconnais seulement dans la prière la source de tous les biens, le fondement et la racine de toute vie vertueuse, que l’on n’aille plus se servir de ces paroles pour se justifier de sa négligence.

Ni la chasteté  seule et privée des autres biens ne saurait nous sauver, ni le soin des pauvres, ni la bonté, ni toute autre vertu ; il faut que toutes ces choses concourent dans nos âmes. 
Or c'est la prière qui leur sert de fondement et de principe. De même que la solidité d’un vaisseau et d’un édifice dépend de la solidité des parties inférieures, ainsi notre vie dépende de la consistance de la prière ; sans la prière, rien de bon , rien d'utile au salut ne nous arriverait. C'est pourquoi Paul ne cesse de nous exhorter avec insistance : "Persévérez dans la prière, nous dit-il, passez vos veilles à prier et et rendre grâces. — Priez sans relâche, dit-il ailleurs, rendez grâces en en toutes choses car telle est la volonté de Dieu. — Priez en tout temps et en esprit, ajoute-t-il encore; veillez pour cela et persévérez dans la prière (Col. VI, 2- Thes. V,17,18 - Ephes. VI, 18). C'est par ces pressantes et divines paroles que le chef des apôtres nous appelle à la prière. Puis donc que nous sommes ses disciples, ne cessons pendant notre vie de prier et d'arroser continuellement nos âmes de ces eaux rafraîchissantes. (à suivre)

dimanche 18 mai 2014

SUR LA PRIÈRE (4) par St JEAN CHRYSOSTOME : l'arme redoutable de la prière

St Prophète Jonas
En premier lieu ce sont les Ninivites qui nous apparaissent comme ayant été délivrés, par la prière, de tant  de crimes innombrables envers Dieu (Jonas III). Dès que la prière eut pénétré dans leur cœur, elle y ramena la justice, arracha en un moment la ville à l'impureté, à l'iniquité et aux prévarications dans lesquelles elle était plongée ; plus forte que des habitudes invétérées, elle y établit le règne des lois célestes, et y implanta avec elle la chasteté, l'humanité , la mansuétude et le soin des pauvres. C'est le cortège sans lequel la vertu ne saurait habiter dans une âme ; dans toutes les âmes où elle établit sa demeure, elle y amène toute justice, elle les forme à la vertu et en bannit le vice. Si quelqu'un fût entré dans la ville de Ninive, connaissant ce qu’elle était autrefois, il ne l’eût certainement pas reconnue, tant ce passage d’une vie de crimes à la piété avait été rapide. De même qu’on ne reconnaîtrait point une femme pauvre et couverte de haillons, si on la rencontrait ensuite couverte de vêtements d’or ; de même quiconque eût vu auparavant Ninive dans son indigence et dans sa pauvreté en fait de trésor spirituels, eût ignoré quelle était cette ville dont la prière avait si profondément bouleversé les coutumes et mœurs, et qu’elle avait ramenée à la vertu. Une femme aussi, après avoir passé toute sa vie dans l'impureté et la débauche, ne fit que se jeter aux pieds du Christ, et elle en obtint le salut. Mais la prière ne se borne pas a effacer les péchés, elle conjure les dangers les plus pressants.



David, ce roi et ce prophète également admirable, remporta par la prière  de nombreuses et difficiles victoires; ne donnant à ses soldats d’autre arme que la prière, et leur permettant ainsi de vaincre dans la sécurité et le calme. Les autres rois mettaient leurs espérances de salut dans l'habileté et l'expérience des généraux, dans leurs archers, leurs l'antassins et leurs cavaliers, mais le grand roi David donnait pour boulevard à son armée de saintes prières : il ne jetait point ses regards sur les sourcils de ses généraux et des chefs de son infanterie et de sa cavalerie, il n'amassait point de l'argent, il ne préparait point des armes; c'est du Ciel qu'il attendait toute sorte d’armes divines. Car la prière est en vérité une panoplie divine et céleste, et il n'en faut pas d'autre pour protéger efficacement ceux qui s'abandonnent à la conduite de Dieu. Bien souvent l'habileté et la valeur des fantassins, l'expérience et les ruses des archers sont déconcertées par la vigilance de l'ennemi, par le courage des adversaires, et par plusieurs autres moyens. Quant à la prière, c'est une arme irrésistible, un bouclier impénétrable, qui repousse un soldat et des milliers de légions avec la même facilité. Cet admirable David triompha de Goliath, qui se précipitait sur lui comme un démon terrible, non par le glaive et les armes, mais par la prière. Ainsi, la prière est pour les rois une arme redoutable dans les batailles; elle est pour nous une arme redoutable centre les démons. Ainsi le roi Ezéchias triompha dans la guerre contre les Perses sans avoir mis d'armée on campagne. et n'ayant opposé que ses prières à la multitude de ses ennemis. Ainsi il échappa à la mort en se prosternant avec une piété touchante devant le Seigneur, en sorte que la prière seule rappela ce prince à la vie. (I Rois17 ; IV Rois19 ; Is. 37) (à suivre)

dimanche 11 mai 2014

SUR LA PRIÈRE (3) par St JEAN CHRYSOSTOME : la prière est pour les maladies des âmes un remède souverain

Sans l'assistance divine, aucun bien n'entrerait dans nos âmes. Dieu, par son assistance, partage nos peines et les allège singulièrement, lorsqu'Il voit que nous aimons la prière, que nous l'implorons assidûment, et que nous espérons obtenir par cette voie toute sorte de biens. Quand je vois une âme qui n’aime pas la prière et qui n'a pas pour elle une affection vive et ardente, c'est une preuve pour moi qu’il n’y a rien de grand dans cette âme. Quand je vois, au contraire, une âme qui ne se rassasie jamais d’honorer Dieu et qui met au nombre de ses plus grands malheurs celui de ne pouvoir prier sans cesse, je découvre dans cette âme le culte solide de toutes les vertus et le temple même de Dieu. 

Si, d’après le sage Salomon, le vêtement d’un homme, sa démarche, son sourire publient ce qu’il est, à plus forte raison les prières et la piété seront-elles un indice d’une parfaite justice : vêtements spirituels et divins, elles répandent sur nos âmes la grâce et la beauté, elles ordonnent la vie de chacun de nous, ne permettent pas qu'aucun sentiment de malice ou de folie règne dans notre coeur; elles nous pénètrent de respect pour Dieu et pour les honneurs qu'Il nous dispense, nous instruisent à repousser toutes les illusions de l'esprit pervers, à mettre en fuite les pensées indignes et honteuses, et nous inspirent à tous le mépris de la volupté. 

C'est le seul orgueil qui convienne aux serviteurs du Christ de se refuser à servir l'ignominie, et de maintenir leur âme dans la pureté et dans la liberté. Du reste, tout le monde comprend aisément, j'aime à le croire, l'impossibilité absolue de pratiquer la vertu sans la prière, et de la pratiquer durant toute la vie. Et comment pratiquer la vertu, si l’on ne va se prosterner fréquemment aux pieds de Celui qui la dispense et qui la donne ? Comment désirer d'être chaste et  juste, si l’on n’est point heureux de s'entretenir avec Celui qui nous demande ces vertus et bien d’autres encore ? Je veux vous montrer brièvement que, fussions-nous couverts de péchés, la prière nous en purifie aussitôt. Après cela, quoi de plus noble, quoi de plus divin que la prière puisqu'elle est pour les maladies des âmes un remède souverain ? (à suivre)



mercredi 7 mai 2014

SUR LA PRIÈRE (2) par St JEAN CHRYSOSTOME : Celui qui ne prie pas Dieu… c'est un cadavre


Que vous soyez épris de la virginité, que vous ayez préféré une union chaste et honorable, qu'il vous faille dompter le ressentiment, pratiquer la douceur, repousser l’envie, ou pratiquer toute autre vertu, si la prière vous guide et vous aplanit le chemin, vous fournirez aisément et promptement la carrière de la piété. Il ne pourrait se faire, non, il ne pourrait se faire que l’on demandât à Dieu la chasteté, la justice, la douceur, la bonté, et qu’on ne fût pas exaucé.  

"Demandez, disait le Sauveur, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverz; frappez, et l'on vous ouvrira ; car quiconque demande reçoit, quiconque cherche trouve. et  l'on ouvre à celui qui frappe. - Qui d'entre vous, disait-Il ailleurs, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre:s'il lui demande un poisson, est-ce qu'il lui donnera un  serpent ? Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez  donner à vos enfants des choses salutaires, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demanderont ! " (Mat IX, 7; Luc. XI. 11-13)

 C’est par ce langage, c'est par ces espérances que le Seigneur de toutes choses nous invitait à prier. À nous donc d’obéir à Dieu, de passer notre vie dans 1a prière et dans les hymnes, et de nous attacher plus étroitement au culte de Dieu qu'à notre propre vie. De cette manière nous vivrons comme il convient à des hommes de le faire. Celui qui ne prie pas Dieu, et qui ne désire pas jouir sans cesse de ces entretiens, c'est un cadavre, qui n’a ni âme, ni sentiment. L’un des signes les plus frappants de stupidité, c’est en effet de ne pas comprendre la grandeur de cette dignité, de ne pas chérir la prière et de ne pas regarder comme la mort de l'âme, l'indifférence à rendre à Dieu nos hommages. De même que notre corps, séparé de 1’âme, n'est que cadavre et pourriture ; de même notre coeur  lorsqu'il ne s’adonne pas à la prière n’est qu'un cadavre misérable et infect.   Que la privation de la prière doive être estimée plus amère que la mort, le grand prophète Daniel nous l’a clairement enseigné, lui qui aima mieux mourir que de passer trois jours sans prier (Dan. VI,10). Ce n’était pas par impiété que le roi des Perses lui avait imposé cet ordre, mais uniquement pour avoir trois jours entiers à lui. (à suivre)