lundi 30 mai 2011

Comment les saints peuvent-ils nous voir et entendre nos besoins et nos prières ?

St Jean de Cronstadt
"Faisons la comparaison suivante: Supposons que vous ayez été transplanté au soleil et uni à lui. Le soleil éclaire la terre entière de ses rayons, il éclaire chaque particule de la terre. Dans ces rayons vous voyez aussi la terre, mais vous êtes si petit par rapport au soleil, que vous constituez, pour ainsi dire, un seul rayon, et il y a un nombre infini de ces rayons. Par son identité avec le soleil ce rayon fait intimement partie de l’illumination du monde entier par le soleil. Il en est ainsi de l'âme sainte qui après avoir été unie à Dieu, comme à son soleil spirituel, voit, par l'intermédiaire de ce soleil spirituel, qui éclaire tout l'univers, tous les hommes et les besoins de ceux qui prient.

Les saints de Dieu vivent même après la mort. Ainsi, j'entends souvent à l'église l’hymne de la Mère de Dieu chantant, dans la maison de sa cousine Elisabeth, après l'Annonciation de l'Archange, son merveilleux Magnificat qui pénètre jusqu’au fond de l’âme. Parfois, j'entends le cantique de Moïse, le cantique de Zacharie, le père du Précurseur, celui d'Hannah, la mère du prophète Samuel, celui des trois enfants dans la fournaise, et celui de Miriam. Et combien de saints chantres du Nouveau Testament ravissent jusqu’à ce jour les oreilles de toute l'Église de Dieu! Et les offices divins eux-mêmes, les mystères et les rites ? De qui l'esprit est-il là, émouvant et touchant nos cœurs? C'est celui de Dieu et de Ses saints.
 Voici une preuve pour vous de l'immortalité de l'âme des hommes. Comment se fait-il que tous ces hommes sont morts, et que pourtant ils guident notre vie après leur mort - ils sont morts et ils parlent encore, nous instruisent et nous touchent ?" 
St Jean de Cronstadt
 (Ma vie en Christ)

mercredi 25 mai 2011

Faites cette demi-heure et vous verrez...

A un laïc qui l'interrogeait sur la prière noétique ("Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi"), Père Ephraïm de Katounakia avait ceci à dire :

« Mettez de côté une demi-heure sur les vingt-quatre pour dire la prière. Chaque fois que vous le pouvez, mais c’est mieux dans la soirée. Dites-la sans l'aide du komboskini - en suppliant, en plaidant, et avec larmes. «Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi." Cultivez cela, et vous en verrez les fruits que cela produit. D’une demi-heure, elle deviendra une heure. Et gardez cette heure. Que le téléphone sonne, que vous ayez une tâche à faire à ce moment-là, que vous soyez somnolent, ou que quelque blasphème se présente à vous. Que rien n’y fasse. Éteignez votre téléphone. Terminez vos tâches. Faites cette demi-heure et vous verrez. Vous avez planté un petit arbre, et le lendemain ou le jour après, elle portera des fruits. Saint Jean Chrysostome et Saint Basile ont tous deux commencé comme cela et sont devenus des luminaires pour le monde entier. Saint Syméon le Nouveau Théologien a eu des expériences de la Lumière incréée alors qu’il était encore laïc. Il était laïc ! Combien de laïcs apparaissent comme extérieurement tels, alors qu’ils sont en fait profondément des moines ! »
Ancien Ephraim de Katounakia
in   L'obéissance c'est la vie de l'Ancien Ephraim de Katounakia, par l'Ancien Joseph de Vatopaidi.

dimanche 15 mai 2011

Mémoire, souvenirs et prière in LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [10]


"Lorsque les démons te voient plein d'ardeur à prier en vérité, ils te suggèrent des noèmes de choses qui te sont soi-disant nécessaires et avant peu ils en excitent la mémoire, incitant le noûs à leur recherche, et comme celui-ci ne les trouve pas, il se décourage et s'en attriste fort. Mais si tu es resté ferme dans la prière, les démons te remémorent les choses recherchées et dont tu as souvenir, afin que tu sois incité à y penser et cesses la prière féconde."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

dimanche 8 mai 2011

Courtes prières, convictions simples et foi forte dans l'Orthodoxie


Notre prière orthodoxe,  dans nos offices comme dans notre prière privée, se nourrit des textes mêmes de la Bible, elle y puise ses mots, son inspiration, sa vie même, ceci à travers une tradition toujours maintenue et vivante. 
Le paradoxe de notre bien aimée Orthodoxie est d'avoir des offices longs et complexes dans leur composition, à la poétique et à la rhétorique sophistiquées et d'offrir en même temps des  prières simples avec une seule parole, comme Kyrie Eleïson ! Κύριε έλέησον , Господи помилуи, Seigneur Miséricorde !

Ce n'est pas pour autant que l'on puisse considérer nos prières monologiques comme des mantras car notre posture par rapport au divin n'est pas celle de la recherche d'une dissolution d'un moi illusoire, produit de notre mental ignorant, par la répétition d'une formule hypnotique. 

Notre posture se situe plutôt dans la tension que nous maintenons du sentiment de responsabilité personnelle par rapport au cosmos et au monde invisible  et donc de notre capacité de nuisance toujours possible  posture que nous maintenons le plus possible à chaque moment de notre vie jusqu'au moment de notre mort  tout en nous abandonnant à la miséricorde inépuisable d'un Dieu paternel qui aime tous ceux qui se repentent, dans la certitude de notre possibilité de salut, donc de libération et de réalisation de notre nature profonde, créés que nous avons été "à l'image et à la ressemblance". Là aussi il y a paradoxe puisqu'à la fois nous maintenons une tension en un certain lieu tout en nous abandonnant partout ailleurs, de même que nous n'oublions jamais que nous sommes pécheurs tout en ayant une foi ferme en notre salut.

Ainsi, dans la douleur sous-jacente de la conscience de notre péché toujours misérablement renouvelé, nous n'en sommes pas moins dans la joie du Royaume du Salut et de la Résurrection et tout pécheurs que nous sommes, nous savons que nous pouvons compter sur  l'intercession de pécheurs notables qui nous ont précédé avant d'entrer dans le Royaume :

- l'intercession, le soutien et l'exemple de Saint Thomas qui après avoir douté - et donc perdu la foi - a touché les plaies de notre Seigneur (le veinard !) pour s'exclamer enfin en retrouvant le Salut vivant : "Mon Seigneur et mon Dieu" phrase qui vaut à elle seule tous les offices !

- l'intercession du Bon Larron qui, avec une seule prière, au dernier instant, après une vie de colère, de révolte et de crime, avant de mourir crucifié comme son Seigneur a  crié vers son Seigneur : "Souviens-Toi, de moi, Seigneur, dans ton Royaume" a été sauvé...

- l'intercession de l'Apôtre Paul qui a dépensé tant d'énergie et mis tant de passion à essayer de "persécuter" le Corps du Christ avant d'y adhérer avec la même énergie, la même passion jusqu’à la mort, au point que la foi chrétienne ne serait pas ce qu'elle est sans lui.

- l'intercession des traîtres, des renégats comme Saint Pierre qui ont rejeté l'Agneau, l'innocentissime, le purissime Agneau, ont reçu le pardon prévu de tout éternité par le Tout miséricordieux.

- l'intercession de la pécheresse qui déposa toute sa sensualité aux pieds du Seigneur, en la détournant de sa destination initiale pour l'orienter avec tout son corps même, humblement    la partie la plus élevée de son corps vénérant la partie la plus basse de son Seigneur, pour lui consacrer toute son adoration. Pécheresse devenue notre modèle pour rendre avec toute la beauté et la noblesse dont nous, simples mortels imparfaits et éphémères, sommes capables,  un culte digne de ce nom à Notre Dieu.

- l'intercession de tous les pécheurs de l'Evangile, nos frères fortunés qui ont connu le Chemin, la Vérité et la Vie en personne.

Juste quelques convictions...

Seulement cela : même le plus grand des pécheurs est aimé de son Créateur miséricordieux, je l'ai expérimenté, je le sais c'est tout. Pas beaucoup plus à dire...


Une petite anecdote :

Un jour, alors que je sortais d'un cours de grec, à Pigalle (sic!), je suis allé boire un verre avec quelques autres élèves du cours parmi lesquels un dessinateur de dessins animés dont l'amie était grecque. Je lui ai dit que j'étais orthodoxe. Cette jeune femme était grecque, orthodoxe, et pleine de vie. Et elle m'a répondu avec un grand et beau sourire quelque chose du genre " Oh! De toute façon, nous Orthodoxes, nous savons que nous sommes sauvés !" A première vue on pourrait dire "Quelle vanité ! Quelle prétention ! Quel triomphalisme chez ces Orthodoxes !" Pas du tout ou alors Oui ! Cette jeune femme avait raison ! Oui, la vraie foi c'est celle-là, celle de cette jeune femme si vivante : je sais que je suis sauvé, je sais que je suis pécheur par pensée, par parole, par action jusqu'à ma mort, incurablement, mais je sais que l'Orthodoxie nourrit en moi la vraie foi, celle qui sauve, celle qui croit en l'Amour de Dieu pour le pécheur qui se repent.
Maxime le minime