mardi 19 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [4]


"Si lorsque Moïse tenta de s'approcher du buisson ardent, cela ne lui fut pas permis qu'il n'eût ôté ses sandales de ses pieds, comment toi, peux-tu désirer voir Celui qui est au-delà de toute sensation et de toute notion, et avoir commerce avec Lui, sans rejeter tout concept entaché de passion ?"
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

lundi 18 octobre 2010

La prière par P. Christophe Klitou - suite [2] La vraie prière consiste à chercher l'amour de Dieu


"Quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu auras fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te récompensera." (Matthieu 6:6)"

Cela ne signifie pas que nous devrions entrer dans notre chambre pour être seul. Le lieu intime a toujours été interprété en ce sens : il s'agit de notre cœur. Nous devrions regarder dans notre cœur, que nul ne peut voir, mais seulement Dieu qui voit les parties secrètes de l'homme. Il nous a dit que :

"Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.." (Matthieu 6:8) "C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.". (Matt: 6: 25-34)

Donc il ne faut pas s'inquiéter de tout ce qui a à voir avec notre existence dans le monde, mais seulement chercher le royaume de Dieu et sa justice. C'est tout ce pour quoi nous devrions nous efforcer et prier, tout le reste sera assuré si nous croyons en la parole du Christ. La vraie prière consiste alors à chercher l'amour de Dieu, parce que le royaume de Dieu est amour. La prière est le moyen par lequel nous demandons à Dieu de nous aider à l'aimer et c'est ce que nous entendons lorsque nous demandons la miséricorde de Dieu. Il va sans dire que Dieu est amour et son amour est là pour que nous en fassions l’expérience, donc nous ne demandons pas à Dieu de nous aimer car nous tenons pour acquis que son amour pour nous est total et inconditionnel. C'est nous qui devons nous prendre soin de nous afin que nous puissions être en mesure de vivre l'amour de Dieu. C'est nous qui avons un problème dans notre relation avec Dieu. Quand nous demandons la miséricorde de Dieu nous lui demandons en fait de guérir notre existence de manière à lui permettre de se reposer au plus intime de nos propres cœurs et de faire advenir l'union avec son amour. C'est ce que nous devons d'abord et avant tout demander à Dieu. Lorsque cela se produit alors Dieu nous offre tout ce dont nous pouvons avoir besoin. En fait, lorsque ce besoin premier a été satisfait alors tous les autres besoins semblent s'estomper, ils ne sont plus si importants pour nous. Nous voyons les choses sous un angle différent et même nos infirmités ne sont pas considérées comme un fardeau mais comme une bénédiction. Nous pouvons en voir un exemple dans la vie de Saint Paul : Après avoir décrit comment il a été ravi au troisième ciel et il a entendu des paroles ineffables, qu'il n'est pas licite pour un homme de prononcer, il était en danger de se glorifier de sa sainteté s'il ne se rappelait pas qu'il avait une maladie corporelle de la chair qui ne cessait de lui rappeler qu'il n'était qu'un homme. Il dit textuellement

"Je ne me glorifierai pas, sinon de mes infirmités. Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité ; mais je m'en abstiens, afin que personne n'ait à mon sujet une opinion supérieure à ce qu'il voit en moi ou à ce qu'il entend de moi. Et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, à cause de l'excellence de ces révélations, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir. Trois fois j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ repose sur moi. C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. »(2 Cor 12: 5-10).

vendredi 15 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [3]


"La prière est un entretien familier du noûs avec Dieu. Quel doit donc être l'état du noûs, pour qu'il ait la vigueur de s'étendre sans retour jusqu'au Maître de maison, et qu'il ait commerce avec lui sans aucun intermédiaire ?"
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



La puissance et la nécessité de la prière par P. Christophe Klitou [1]

"Beaucoup de gens aujourd'hui ne comprennent pas la puissance de la prière et la nécessité de la prière dans son ensemble. La plupart des gens ne se souviennent qu'il y a un Dieu que quand ils ont besoin de quelque chose, alors ils ont le plus souvent recours à la prière quand ils souffrent de quelque mal, quand un de leurs proches est malade, quand ils sont en difficulté, quand ils ont besoin d'une aide financière, quand ils postulent pour un nouveau poste, en général, quand ils ont besoin de quelque chose de ce monde. En toute autre circonstance ils pensent rarement à Dieu et vivent leur vie sans Dieu et sans prière. D'autres encore ont pris l'habitude de prier le matin ou avant d'aller au lit, mais ne ressentent pas le besoin de prier de toute la journée. Les rares occasions où ils ont recours à la prière, ils attendent que Dieu réagisse en répondant à leurs prières. S'il ne le fait pas cela affecte alors leur foi en Lui et souvent, les gens perdent la foi et disent que Dieu ne les a pas aidés quand ils en avaient besoin. La prière de ce point de vue n'est pas du tout de la prière. Le sens de la prière a été grossièrement déformé par rapport à son objectif principal qui est la communion avec Dieu. Alors, comment devons-nous prier et pour quelles choses devrions-nous prier ? Le Christ Lui-même, dans son Sermon sur la Montagne, nous a appris à prier et nous a dit pour quelles choses nous devrions prier. Il a dit:
"Quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu auras fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te récompensera." (Matthieu 6:6)"


Commentaire de St Jean Chrysostome sur la prière



« Ainsi lorsque vous priez, ne faites point comme les hypocrites qui affectent de prier en se tenant debout dans les synagogues et dans les coins des rues, afin qu’ils soient vus des hommes : Je vous dis en vérité que déjà ils ont reçu leur récompense.»
« Mais vous, lorsque vous priez, entrez en un « lieu retiré de votre maison, et fermant la porte, priez votre Père en secret.» Jésus-Christ appelle encore ces personnes hypocrites, et très justement, puisque, feignant de prier Dieu, ils ne font que regarder les hommes autour d’eux, et qu’ils ressemblent moins à des suppliants qu’à des comédiens. Car celui qui prie vraiment Dieu, quitte tout le reste, et n’est attentif qu’à Celui qui a le pouvoir de lui accorder sa demande. Que si vous le quittez pour porter ailleurs votre attention et vos regards, et partout à la ronde, vous vous en retournerez les mains vides, c’est-à-dire avec ce que vous avec demandé. C’est pourquoi Jésus-Christ ne dit pas que ces personnes ne recevront point leur récompense, mais qu’ils l’ont déjà reçue; c’est-à-dire qu’ils l’ont reçue des hommes, et qu’ils ont trouvé ce qu’ils désiraient. Ce n’était pas là le dessein de Dieu. Il voulait nous donner lui-même la récompense de notre prière. Mais lorsqu’on la prétend d’ailleurs, on ne mérite pas de rien recevoir de lui, puisqu’on n’attend rien de lui. Qui n’admirera la bonté de Dieu, qui promet de nous récompenser, même de ce que nous lui avons demandé ses grâces?

mardi 12 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [2]


"Lorsque l'âme se purifie par l’accomplissement des commandements, elle rend imperturbable le bon ordre du noûs, lui donnant aptitude à l'état recherché."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



Pourquoi nos prières ne sont-elles pas pas entendues ?

Nos prières ne sont pas entendues parce que nous ne sommes pas dignes.


L’Ancien Porphyrios nous dit que «le moindre murmure contre ton prochain affecte ton âme et te rend incapable de prier." Nous devons nous rendre dignes de la prière, nous conseille-t-il. Et notre indignité provient de notre incapacité à aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Jésus dit:

« Si tu présentes ton offrande à l'autel et là que tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère et ensuite présente ton offrande. » Matt. 5:23 - 4
La vraie prière n'est pas facile. Elle est fondée sur une relation étroite avec Dieu. Elle a besoin d'un abandon de soi à Dieu et à Sa volonté.

L’Ancien Porphyrios dit :

« Ceux qui désirent et ont soif d'appartenir au Christ et qui s’abandonnent eux-mêmes à la volonté de Dieu deviennent dignes. »

C'est le plus grand défi spirituel de renoncer à notre volonté et se le soumettre à Sa volonté. C'est une nécessité d’être capable de garder tous ses commandements. C'est le signe de notre amour de Dieu. »

Jésus dit:

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père et je l'aimerai et je me manifesterai à lui. » Jean 14:21
Pour être en union avec Dieu nécessite un grand effort de notre part.

L’Ancien dit :

"Nous avons à lutter avec le lion rugissant"

vendredi 8 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [1]


"Si l'on veut préparer un encens d'agréable odeur, il faut  prendre de l'encens pur, de la casse, de l'onyx, une résine odorante, en quantité égales selon la Loi. C'est là la tétrade des vertus. Si donc elles sont complètes et atteignent le même degré, le noûs ne se trahit pas."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



dimanche 3 octobre 2010

LA PRIÈRE DU SEIGNEUR - ΠΑΤΕΡ ΗΜΩΝ

Πάτερ ἡμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς ·
ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου ·
ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου ·
γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ καὶ ἐπὶ τῆς γῆς ·
τὸν ἄρτον ἡμῶν τὸν ἐπιούσιον δὸς ἡμῖν σήμερον ·
καὶ ἄφες ἡμῖν τὰ ὀφειλήματα ἡμῶν,
ὡς καὶ ἡμεῖς ἀφίεμεν τοῖς ὀφειλέταις ἡμῶν ·
καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν,
ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηρο



Il ne faut pas penser qu'il y a une seule version de la prière du Seigneur (la "bonne"),
 allez voir sur ce merveilleux site !


Voici quelques traductions en français :

Français (Assemblée des évêques orthodoxes de France): Notre Père
Français: Notre Père
Français (La plus ancienne traduction connue en français - XIIe siècle): Li nostre Perre
Français (XIIe siècle v2): Sire Pere
Français (Anglo-Norman du XIIe siècle): Li nostre Pere
Français (XIIIe siècle): Nostre Peres
Français (Raoul de Presles, fin XIVe siècle): Nostre Pere
Français (Piccard XVe siècle): Peres nostres
Français (Bible protestante XVIe siècle): Nostre pere
Français (Clément Marot XVIe siècle): Pere de nous
Français (Bible protestante du XVIe siècle Pierre Robert Olivetan): Nostre Pere
Français (Confession de foi de Genève XVIe siècle Jean Calvin): Nostre Pere
Français (Traduction catholique du XVIe siècle Yves d'Evreux): Nostre Pere
Français (Bible Protestante du XVIIe siècle Maresior): Nostre pere
Français (Bible catholique du XVIIe siècle Lemaitre de Sacy): Notre Pere
Français (Bible Protestante du XVIIIe siècle David Martin): Nostre pere
Français (Bible Catholique du XVIIIe siècle Richard Simon): Nôtre pere
Français (Bible Protestante du XIXe siècle J.-F. Ostervald): Nostre pere
Français (Bible Protestante du XIXe siècle Darby): Notre Père
Français (Bible Catholique du XIXe siècle Augustin Crampon): Notre Père
Français (Traduction Louis Segond 1881): Notre Père
Français (La Version Synodale 1910): Notre Père
Français (Traduction par spécialiste de l'Hébreu Paul Joün 1930): Notre Père
Français (Traduction par Émile Osty 1948): Notre Père
Français (La Bible de Jérusalem 1950): Notre Père
Français (La Bible en français courant 1982): Notre Père
Français (Traduction Œcuménique de la Bible 1988): Notre père
Français (Traduction d'André Chouraqui 1989): Notre père
Français (Français fondamental 1990): Notre Père
Français (Traduction de Claude Tresmontant 1991): notre père
Français (Bible de la Liturgie 1993): Notre Père
Français (Bible du Semeur 2000): Notre Père
Français (Bible "des écrivains" Bayard 2001): Notre Père
Français (Nouvelle Bible Segond NBS 2002): Notre Père
Français (Traduction Littérale par Louis Pernot): Notre Père
Français (Traduction Explicative par Louis Pernot): Notre Père

Lire l’intéressant débat qui a eu lieu sur le " Forum Orthodoxe "
à partir du livre de " Jean-Marie Gourvil "sur la traduction du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer dans l'épreuve" Une nouvelle traduction orthodoxe du Notre Père » paru aux éditions Editions F.-X. de Guibert

samedi 2 octobre 2010

Fixer précisément une durée pour la prière par Théophane le Reclus Saint (Lettre 71)

St Théophane écrit :
"Pourquoi la hâte se produit-elle dans la prière ? C’est incompréhensible. Nous passons des heures, impliqués dans des tas d'autres choses, et elles nous semblent des minutes ? Mais à peine avons-nous commencé à prier qu’il semble que nous y sommes depuis longtemps. Et puis nous avons le sentiment que nous devons nous dépêcher pour terminer le plus tôt possible. On ne tire aucun profit d’une telle prière. façon. Que devrait-on faire ? "

N'est-ce pas vrai d’un événement sportif, d’un film ou d’un concert. Cela commence à un moment donné et normalement nous savons quand cela prendra fin, par conséquent nous ne se sentons pas bousculés quand nous y sommes. Nous nous laissons la possibilité d’être emportés par l'événement lui-même. C'est ce que devrait devenir la prière. Nous ne devrions pas essayer de la mettre en haut de la pile après avoir tassé tout le reste de force. Il y a un temps fixé qui est sacré, pour un rendez-vous que nous avons pris avec Dieu.

Saint Théophane continue ainsi :
"... Certains procèdent ainsi : Définissez une durée de la prière : un quart d'heure, une demi-heure ou une heure (ce qui est approprié pour votre niveau de prière), et ajustez votre veille de sorte que votre horloge sonne après la demi-heure ou l'heure la fin de la prière. Lorsque vous commencez la prière, ne vous préoccupez pas du nombre de prières à lire, mais seulement d’élever votre cœur et votre esprit vers le Seigneur dans la prière, et continuez dignement pendant ce moment mis à part. D'autres déterminent combien de prières on peut faire sur le komboskini dans un temps donné et procèdent d'une manière calme et sereine pour les compter sur le chapelet. Ils se tiennent en esprit devant le Seigneur, ou conversent avec Lui avec leurs propres paroles, ou récitent quelque prière, et c'est ainsi qu'ils vénèrent pieusement sa gloire sans fin. "

Ce que Saint Théophane dit c’est que si nous avons un moyen défini – quel qu’il soit – de savoir quand nos prières doivent commencer et se terminer, nous ne nous préoccuperons pas de l'horloge, mais plutôt de notre prière et de notre relation avec Dieu. Cela nous permet de libérer notre esprit des activités qui se rapportent à tous nos soucis du monde. Si de nos jours, nous ne disposons généralement plus d'une horloge qui sonne les heures, nous pouvons utiliser à la place un minuteur électronique de façon à atteindre pareillement le même objectif exposé par St Théophane.

Il continue ainsi :
"... Choisissez l'une de ces méthodes pour vous et tenez-vous avec sérieux. Vous et moi ne pouvons avancer sans règles précises."

Puis il nous nous avertit du risque que nous courons à nous stresser dans nos prières. Il considère cela comme capital.

Voici ce qu’il écrit :
"... Se hâter pendant nos prières est inutile Peut-être que vous ne pourrez lire qu’une seule prière ou un seul psaume pendant tout votre temps. Il y avait une personne qui n’était capable de réciter que la prière du Seigneur durant son temps de prière régulière ; chaque verset constituait en soi une prière complète. Une autre personne, à qui on avait parlé de cette manière acceptable de prier, révéla qu’il avait utilisé tout le temps des Matines à réciter le Psaume 50. "Aie pitié de moi, ô Dieu, selon ta grande miséricorde»  et qu’il avait manqué de temps pour terminer. "

Si nous pouvons préserver le temps que nous réservons à la prière comme un temps sacré, alors nous ne se sentirons pas pressés et notre prière pourra suivre son cours naturel, sans que nous ayons à nous préoccuper si nous aurons assez de temps. Définissez ainsi un point de début et un point final pour vos prières.

Le temps viendra où vous n'aurez pas besoin de règles. "Pour ceux qui peuvent prier avec ferveur, aucune règle n’est nécessaire », dit saint Théophane.

vendredi 1 octobre 2010

Prendre le temps de prier


Mon rendez-vous avec Dieu

« J’ai devancé l’heure et j’ai crié ; J’ai mis tout mon espoir dans tes paroles »
 (Ps 118: 147)
« Le lendemain s’étant levé de fort grand matin, il sortit, et il s’en alla dans un lieu désert et il priait. » Marc 1:35.

Luc Lepage (Lucassie)

Pour beaucoup, prendre du temps pour la prière est l'un des plus grands obstacles à l'établissement de la prière comme une pierre angulaire de leur vie. Nos vies sont devenues surchargées d'activités. Nos enfants sont programmés à outrance avec l'école, les sports, la musique, la danse et les autres activités. Bien sûr, les parents sont également affectés par leur emploi du temps chargé. Nous sommes conditionnés de toutes sortes de manières par les téléphones cellulaires et notre temps se partage concurremment entre l'Internet et la télévision. Alors, comment trouver du temps pour prier?

La clé du temps pour la prière est de se lever tôt le matin. Bien sûr, cela signifie que vous aurez à aller au lit plus tôt. Nous avons besoin de créer un temps de tranquillité tôt le matin car c'est le moment où notre esprit est le plus calme et le mieux disposé pour la prière. Il est essentiel de commencer la journée par la prière pour obtenir la force d'affronter toutes les tentations de la journée.


Pensez à régler votre réveil 30 minutes plus tôt. Cela vous donnera le temps de prier et de vous préparer pour la journée tranquillement. Après la prière, et quand vous avez satisfait à tous vos besoins d'hygiène personnelle, vous devez planifier votre temps pour d'autres responsabilités telles que préparer les enfants pour l'école. Vous devez prévoir un temps suffisant pour prendre un petit déjeuner agréable et convivial. Ne vous emparez précipitamment de quoi de manger dans la voiture à la va vite. 


La prochaine étape est de décider de ce qu'il faut supprimer de votre journée pour que vous puissiez aller au lit une heure plus tôt. Cela vous donnera 30 minutes à la fin de votre journée pour penser à Dieu, pour prier, et lire les textes sacrés ou d'autres ouvrages des Pères de l'Église. Vous devez modifier consciemment quelque chose dans votre routine quotidienne. Sinon, vous n'aurez créé aucun nouveau moment pour cette activité qui est la plus importante.

Passez en revue les activités qui prennent tout votre temps dans la soirée. Très probablement, la télévision est le principal coupable. Abandonner un seul de vos programmes et vous aurez automatiquement une heure de plus pour commencer la journée du bon pied. L’utilisation des médias constitue un fardeau énorme sur nos vies. Une récente enquête menée par Nielsen Media Research montre qu’en moyenne une personne passe plus de temps que jamais devant la TV, plus de 133 heures par mois. De plus nous passons en moyenne 26 heures de plus sur Internet. Ces deux activités ont montré une augmentation importante par rapport à l'année précédente. Maintenant, le téléphone est connecté à l'Internet et on peut même passer encore 3 heures à regarder les vidéos et la télévision sur le téléphone. À notre époque l’utilisation du téléphone mobile prend désormais une partie importante de notre temps en étant également un instrument qui détourne et disperse notre attention. D'autres études montrent que nous passons plus de 70 heures par semaine sur les médias d'information connexes. Il y a donc lieu principalement de regarder comment réaffecter votre emploi du temps afin que vous puissiez prendre le temps d'être avec des amis, d’aider les autres dans le besoin, ou de prendre le temps pour prier quotidiennement, assister aux services religieux et surtout pour obtenir un début de journée calme chaque matin..


Grâce à la technologie d'aujourd'hui, vous pouvez enregistrer ces émissions, de la même façon si regarder les Actualités  vous prend du temps, vous pouvez vous tenir au courant sur Internet toute la journée sans regarder un seul journal télévisé. Extrayez de votre journée un espace sacré de 60 minutes pour vous donner de l'espace le matin et le soir afin d’être avec Dieu.

Apporter du travail à faire à la maison peut encore parasiter votre emploi du temps aussi bien qu'une maladie spirituelle mortelle. Si vous avez l'habitude d'apporter votre travail à la maison, examinez attentivement cette pratique, car cela pourrait nuire à votre vie spirituelle. Le travail devrait être comme une veste que vous portez lorsque vous êtes dehors, mais que vous enlevez quand vous revenez dedans et que vous suspendez dans le placard. Faites de même avec votre travail. Mettez la serviette et le téléphone portable dans le placard. N’allumez pas l'ordinateur pour vérifier le courrier électronique ou surfer sur Internet.
Quand vous êtes à la maison concentrez-vous sur votre famille. Écoutez votre conjoint et vos enfants. Essayez d’entrer dans leur monde, de vous réjouir de leurs joies et de montrer de la compassion pour leurs épreuves et tribulations de la journée. Devenez un précieux soutien pour leurs luttes. Ce retour à la maison doit être couronné d'un repas pris ensemble. Ne laissez pas l'heure du repas devenir un événement improvisé où les membres de la famille prennent leur nourriture et s’empressent de regagner leurs territoires pour manger. Ne laissez pas d'autres engagements interférer avec vos horaires des repas. L’heure du repas est le meilleur moment pour le partage dans de rapprochement de tous. Tout comme nous venons tous ensemble en tant que communauté chrétienne pour la Divine Liturgie pour le repas sacré, vous avez aussi besoin de vous réunir en tant que famille, en union avec ceux qui vous aiment pour partager le besoin le plus fondamental que nous ayons, la nourriture pour alimenter nos corps , et transformer ce partage en une activité sacrée à travers notre amour les uns pour les autres. A chaque repas, offrez une prière de remerciement pour la nourriture qui va être mangée, pour la joie de vivre en famille, pour le pardon des péchés qui ont été commis ce jour-là, et pour une bénédiction que les aliments nous nourrissent à la fois physiquement et spirituellement.


Une fois que vous aurez créé de la disponibilité, prenez l’engagement de garder un moment précis pour vos prières. Pensez à heure de la prière comme à un rendez-vous avec Dieu. Pour tout rendez-vous il faut une heure et un lieu de rencontre. Ce n'est pas facile et la liste des choses à faire sera toujours supérieure au temps dont nous disposons pour la compléter. Donnez alors un caractère sacré à cet espace et accordez-lui toute votre protection.

Il est maintenant temps de cesser de se trouver des excuses. Ce n’est pas sans risque quand on pense que Dieu comprend quand on rogne sur le temps de notre prière, à cause de toutes les pressions et les contraintes de notre mode de vie surmené. Dieu n'est pas favorable à ceux qui choisissent de ne pas le placer en premier. Il est vrai également qu’Il connaît nos combats, a une grande compassion pour notre condition, et est prêt à nous aider à y faire face. Mais nous devons d'abord faire l'effort d'être en relation avec lui et avec humilité rechercher son aide.

Si vous avez ce désir de trouver plus de temps pour la prière, mais que vous estimez que vous devez réexaminer votre vie et vous fixer de nouveaux objectifs, avec de nouvelles priorités, envisagez de travailler un bon livre sur ce sujet.
lisez également les conseils de St Théophane Le Reclus (lettre 71)

Monachisme et Laïcat par Paul Evdokimov

Le caractère universel de la spiritualité monastique



"L’Occident a canonisé le monachisme et le laïcat comme deux formes de vie : une, répondant aux consilia, conseils, l’autre, aux praecepta, préceptes de l’Évangile. L’unique absolu s’est trouvé dès lors brisé. D’une part s’avancent les parfaits, de l’autre côté se tiennent les faibles, vivant dans les demi-mesures. Une certaine conception ascétique ne justifie la vie conjugale que pour autant qu’elle engendre des vierges et peuple les couvents.
Le caractère foncièrement homogène de la spiritualité orientale ignore la différence entre les “ préceptes ” et les “ conseils évangéliques ”. C’est dans sa totale exigence que l’Évangile s’adresse à tous et à chacun. “ Quand le Christ, dit saint Jean Chrysostome, ordonne de suivre la voie étroite, il s’adresse à tous les hommes. Le moine et le séculier doivent atteindre les mêmes hauteurs ” (7). On voit bien, il n’existe qu’une seule spiritualité pour tous, sans aucune distinction, quant à son exigence, en évêque, moine ou laïc, et c’est la spiritualité monastique (8). Or, celle-ci est formée par les moines-laïcs, ce qui donne au terme “ laïc ” un sens maximalement spirituel et ecclésial.
En effet, selon les grands maîtres, les moines ne sont pas autre chose que ceux qui veulent “ être sauvés ”, “ ceux qui mènent la vie selon l’Évangile ”, “ cherchent l’unique nécessaire ” et “ se font violence en tout ” (9). Il est parfaitement évident que ces paroles définissent très exactement l’état de tout croyant-laïc. Saint Nil estime que toutes les pratiques monacales s’imposent au gens du monde (10). Comme le dit encore une fois saint Jean Chrysostome : “ Ceux qui vivent dans le monde bien que mariés, doivent par tout le reste ressembler aux moines ”. “ Vous vous trompez tout à fait, si vous pensez qu’il est des choses exigées des séculiers et d’autres des moines... ils auront les mêmes comptes à rendre ” (11). La prière, le jeûne, la lecture des Écritures, la discipline ascétique, s’imposent à tous au même titre. Saint Théodore Studite dans sa lettre à un dignitaire byzantin dresse le programme de la vie monastique et précise : “ Ne croyez pas que cette liste vaille pour le moine et non pas, tout entier et également pour le laïc ” (12).
Quand les Pères parlaient, ils s’adressaient a tous les membres du Corps, sans aucune distinction entre le clergé et le laïcat, ils parlaient au sacerdoce universel. Le pluralisme actuel des théologies de l’épiscopat, du clergé, du monachisme, du laïcat, étant inconnu au temps des Pères, serait même incompréhensible pour eux. L’Évangile dans sa totalité s’applique à tout problème particulier de tout milieu."
(extrait de Le monachisme intériorisé)


7)    In epist. ad haebr., 7, 4 ; 7, 41 ; Adv. oppugn vitae monast. 3, 14.
8)    Cf H. Pourrat, La spiritualité chrétienne, I, ix.
9)    Évagre le Pontique, P.G. 79, 180D.
10)  Epist., I, 167, 169 ; cf. Hom. in Éph.
11)  Hom. in epist. ad haebr., 7, 41.
12)  P.G. 99, 1388.