samedi 27 novembre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [7]

"Si tu verses une fontaine de larmes en priant, en aucune façon ne t'élève en ton for intérieur au-dessus du nombre. Car ta prière t'a aidé à confesser tes fautes avec empressement et par les larmes, à disposer le Maître favorablement à ton égard. Ne tourne donc pas en passion la défense contre les passions, pour ne pas irriter Celui qui t'a accordé la grâce "
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

mardi 16 novembre 2010

La prière par P. Christophe Klitou - suite [5] : Persévérer dans la prière

Souvent les Chrétiens occidentaux trouvent que nos prières liturgiques sont répétitives…
Elles le sont en effet – intentionnellement : "Encore et encore, en paix prions le Seigneur." répétons-nous dans nos liturgies. En l’occurrence, l'Église orthodoxe suit simplement le commandement de Notre Seigneur à savoir que nous devons être persévérants dans la prière et non pas prier du bout des lèvres. Par deux fois dans l'Evangile de Luc, Notre Seigneur félicite les personnes qui sont persévérantes dans leur supplication : La première est l’histoire de l'ami chez qui nous allons à minuit pour lui demander trois pains, car un autre de nos amis nous a rendu visite et nous n'avons rien à lui offrir à la maison. Et bien que l'ami ne veuille pas sortir de son  lit, il se lève tout de même grâce à votre persévérance et vous donne autant de pains que vous en avez besoin. (Luc.11: 5-8)
La seconde est la parabole du juge inique.
"1. Jésus leur adressa une parabole, pour montrer qu'il faut toujours prier, et ne point se relâcher.
Il dit : Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et qui n'avait d'égard pour personne. 2. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. 3. Pendant longtemps il refusa. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et que je n'aie d'égard pour personne, 4.néanmoins, parce que cette veuve m'importune, je lui ferai justice, afin qu'elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête. 5. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. 6. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? 7. Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?" (Luc18 :1-8).

Une autre prière répétitive est la  Prière de Jésus : "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur". Les gens sont prompts à nous rappeler que le Seigneur a mis en garde contre la vaine répétition par quoi il entendait des bavardages hypocrites. Il n'y a rien de vaine répétition dans la pratique de cette prière. Tout croyant qui prie doit le faire consciemment, en se concentrant sur chaque mot et sur tout leur sens. Si elle est utilisée mécaniquement alors oui elle peut devenir vaine répétition.

mercredi 10 novembre 2010

De la psalmodie à la prière pure par Geronda Placide Deseille

Geronda Placide Deseille
a fait une traduction incontournable des Psaumes qui est une merveille de spiritualité, de fidélité à la Tradition et de langue française. C'est La version de référence. Mais en outre, l'avantage de cette version est qu'elle contient une introduction savante de Père Placide aux Saintes Écritures comme à l'usage de celles-ci qui est un guide sûr pour un chrétien orthodoxe soucieux de suivre la Tradition de l'Église et de progresser dans la prière.
Voici un extrait de cette introduction de ce psautier qu'il vous faut absolument acquérir si vous ne l'avez déjà.

"Les Psaumes et la la prière monologique

Au sein de l'Orthodoxie, des traditions spirituelles diverses pour­ront mettre l'accent tantôt sur la psalmodie, tantôt sur la prière monologi­que, dont la Prière de Jésus est devenue peu à peu la formule privilé­giée. Sans préjudice de cette légitime diversité, le conseil de saint Jean de Gaza demeurera la règle d'or en la matière: «Est-il bon de s'adonner au « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi », ou bien vaut-il mieux dire par cœur des passages de la Sainte Ecriture et réciter des Psaumes? - Il faut faire les deux, un peu de l'un et un peu de l'autre. Car il est écrit : « Il fallait faire ceci sans omettre cela». (Mt, 23,23).

Les Psaumes et la théoria

De par son caractère discursif, la psalmodie ressortit à la praxis, à la phase active de la vie spirituelle. «Nous qui sommes imparfaits, dit saint Jean Climaque, nous avons besoin non seulement de la qualité, mais de l'abondance quantitative des mots pour notre prière; en effet, cette dernière procure la première. Il est dit en effet : Il donne une prière pure à celui qui prie assidûment, même si sa prière est entachée de divagations et pénible.» C'est cette prière persévérante, dont la qualité viendra seu­lement de l'effort incessant, sans cesse mis en échec et sans cesse repris, que nous faisons pour être attentifs aux mots que nous prononçons, pour y « enfermer notre pensée », qui nous acheminera, s'il plaît à Dieu, vers la «prière véritable» que l'Esprit-Saint lui-même fait sourdre dans nos cœurs. Alors - mais alors seulement - vaudra le conseil de saint Grégoire le Sinaïte: « Quand tu vois la prière opérer et s'exercer dans ton cœur sans s'arrêter, ne l'arrête pas ni ne te lève pour psalmodier, à moins que, par une disposition divine, elle ne te quitte la première. Car ce serait quitter Dieu au dedans pour lui parler au dehors et se détourner des hauteurs vers la terre ...» "

  >>Voyez aussi :

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [6]


"Use des larmes pour l'heureuse issue de toute demande. Car ton Maître se plait fort à celui qui prie dans les larmes."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

jeudi 4 novembre 2010

La prière par P. Christophe Klitou - suite [4] : la prière de demande

Il ya différentes formes de prière. La prière est doxologie, louange, action de grâce, confession, supplication et intercession auprès de Dieu. Les choses pour lesquelles nous implorons sont également en grand nombre, nous demandons à Dieu toutes sortes de choses, en particulier dans la liturgie et dans d'autres offices religieux. Nous prions pour obtenir la paix, une bonne récolte, la protection des personnes en mer, une bonne pluviométrie, etc.
Les manières dont nous prions sont également nombreuses. La prière c’est bien sûr des mots pieux mais aussi des signes extérieurs de piété : le signe de la Croix, l’inclinaison de notre tête, nos génuflexions, nos prosternations, etc. Mais la prière peut aussi être offerte sans paroles, et sans autres manifestations extérieures. Il s'agit de la prière intérieure ou cachée d'une âme pieuse, qui est familière, par expérience, à de nombreux chrétiens ardents.
La forme la plus répandue de la prière est la supplication, offerte en reconnaissance de nos faiblesses, de nos infirmités, et de notre manque d'expérience. A cause des péchés et des passions, nos âmes deviennent faibles et malades. Par conséquent, il est essentiel dans la prière de demander à Dieu de nous pardonner et nous aider à surmonter nos défauts. Parfois, les demandes sont faites en raison d'un danger imminent qui pèse sur nous, un besoin, etc. La demande dans la prière est inévitable compte tenu de notre faiblesse et elle est facilement acceptée par le Seigneur Très-Miséricordieux. Mais si notre prière a seulement un caractère prédominant de demande, c'est-à-dire si nous ne faisons que demander sans cesse des choses sans louange et sans reconnaissance, cela indique un faible développement de notre vie spirituelle. Cela montre que nous ne progressons pas spirituellement, que nous n'avons pas compris que la prière est faite pour communier avec Dieu, que notre but dans la vie est d'être avec Dieu.
Ainsi nous avons vu que nous ne devrions pas continuellement rechercher à obtenir des choses de Dieu, uniquement pour notre intérêt de ce monde, cependant le Christ a dit: "Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils, si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. "(Jean 14:13-14)
Il dit encore: "En vérité, en vérité je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père, Il vous le donnera en mon nom. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom, demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète"(Jean 16:23-24).
Quoi que l'on demande au nom de Jésus sera donné. Cela ne signifie pas que l'homme peut faire des demandes à Dieu tout et n’importe quoi. Il ne peut pas demander ce qui n'est pas nécessaire, ou ce qui est mal. Cependant, il peut demander, et doit demander, de «bons dons», tout ce qui peut être demandé au nom du Christ, tout ce qui est saint et sans péché et bon. Si quelqu’un demande de bonnes choses avec foi, il les obtiendra certainement si Dieu pense qu'il devrait les recevoir pour sa vie et son salut. Telle est la promesse du Seigneur Lui-même.
"Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez, et cela vous sera accordé." (Jean 15:7)
"Et tout ce que vous demanderez en priant avec foi, vous l’obtiendrez." (Matthieu 21:22)
Toute prière adressée à Dieu dans la foi reçoit une réponse. Cela ne signifie pas que ce qui est demandé est toujours donné, car Dieu sait mieux que la personne qui prie ce qui est bon pour lui. Pour cette raison, les maîtres spirituels nous mettent en garde de ne pas être trop longs et insistants dans nos demandes au Seigneur autres que pour obtenir sa miséricorde. Dieu sait mieux ce qui est nécessaire donc il est toujours préférable d'être bref dans la prière, et de pas trop demander de choses particulières. Il est toujours préférable de prier ainsi :

«Donne ce qui est nécessaire, Seigneur, et que Ta volonté soit faite»

En ce qui concerne la façon de prier, saint Isaac le Syrien écrit: «Ne soyez pas inconsidérés dans vos demandes, afin de ne pas offenser Dieu par votre folie. Mais plutôt soyez sages, pour devenir digne des plus grands dons. Demandez- Lui un trésor qui soit sans rapport avec l'avarice et vous recevrez de Lui un trésor en rapport avec le caractère raisonnable de votre demande. Salomon a demandé la sagesse et avec elle, il a reçu un royaume terrestre, car il a fait une demande sage auprès du Grand Roi. Élysée (Elisha) a demandé une double part de grâce de l'Esprit Saint et sa demande n'a pas été rejetée. Demander des bagatelles au Roi insulte sa dignité. »

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [5]


"Prie avant tout pour recevoir les larmes, afin que la rudesse inhérente à ton âme s'adoucisse par l'affliction, et que confessant à ton encontre au Seigneur tes transgressions, Tu en obtiennes de Lui le pardon"
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

mercredi 3 novembre 2010

La prière par P. Christophe Klitou - suite [3] Regarder nos infirmités et nos difficultés comme des bénédictions de Dieu

Ainsi, nous devrions regarder nos infirmités et nos difficultés comme des bénédictions de Dieu car elles sont souvent pour nous un ressourcement de notre foi. Nous devrions nous rappeler que rien dans notre vie n'arrive sans raison. Cela ne signifie pas que les maladies et les ennuis viennent de Dieu. Ils sont le résultat et les conséquences de la chute, mais en les acceptant comme une bénédiction, nous les utilisons pour notre croissance spirituelle. Lorsque des problèmes de santé surviennent Les gens disent souvent dans leur cœur : Pourquoi moi ô Dieu, pourquoi as-Tu permis que cela arrive à moi, de toutes les personnes qui crois en Toi, qui vais à l'église chaque dimanche, pourquoi as-Tu gardé en bonne santé cette personne qui ne croit pas en Toi, et qui plus est a agi avec moi de cette façon. Cette attitude révèle que nous n'avons que l'amour de nous-mêmes, notre principale préoccupation, c'est nous et cela révèle certainement notre manque de foi en Dieu. D'autre part, si nous acceptons tout comme un dessein de Dieu, alors nos peines, nos faiblesses deviennent des instruments qui nous aident à nous rapprocher de l'amour de Dieu. C'est pourquoi les personnes saintes ne prient jamais pour leurs afflictions, mais seulement pour obtenir la miséricorde de Dieu. Cela ne signifie pas que nous ne devons pas prier pour les autres quand ils sont dans le besoin. Prier pour les autres est un acte d'amour et comme Dieu est amour et aime toute l'humanité, alors nous devons aussi montrer notre amour envers l'humanité tout entière. Le moyen le plus pratique pour nous de montrer de l'amour pour les autres est de prier pour eux.
Habituellement, la première phase où quelqu'un va demander l'intervention de Dieu est comme nous l'avons déjà dit, lorsque ou bien eux-mêmes ou bien un proche est atteint d'une maladie grave. C’est alors qu'ils se souviennent de Dieu et recherchent un miracle. S'il n'y avait pas la maladie alors ils ne se souviendraient pas qu'il y a un Dieu, aussi la maladie est en fait une bénédiction: elle oblige la personne à accepter qu'il y a un Dieu et pour la première fois ils tendent la main vers Dieu pour demander son aide. Une communion avec Dieu a commencé là où avant cela n’existait pas. Dans ces premières phases de la prière Dieu répond souvent et donne à la personne plus d'occasions de le rechercher. Si la personne répond positivement alors Dieu, lentement, le guide vers ce qui est nécessaire à son salut.

mardi 19 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [4]


"Si lorsque Moïse tenta de s'approcher du buisson ardent, cela ne lui fut pas permis qu'il n'eût ôté ses sandales de ses pieds, comment toi, peux-tu désirer voir Celui qui est au-delà de toute sensation et de toute notion, et avoir commerce avec Lui, sans rejeter tout concept entaché de passion ?"
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios)

lundi 18 octobre 2010

La prière par P. Christophe Klitou - suite [2] La vraie prière consiste à chercher l'amour de Dieu


"Quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu auras fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te récompensera." (Matthieu 6:6)"

Cela ne signifie pas que nous devrions entrer dans notre chambre pour être seul. Le lieu intime a toujours été interprété en ce sens : il s'agit de notre cœur. Nous devrions regarder dans notre cœur, que nul ne peut voir, mais seulement Dieu qui voit les parties secrètes de l'homme. Il nous a dit que :

"Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.." (Matthieu 6:8) "C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.". (Matt: 6: 25-34)

Donc il ne faut pas s'inquiéter de tout ce qui a à voir avec notre existence dans le monde, mais seulement chercher le royaume de Dieu et sa justice. C'est tout ce pour quoi nous devrions nous efforcer et prier, tout le reste sera assuré si nous croyons en la parole du Christ. La vraie prière consiste alors à chercher l'amour de Dieu, parce que le royaume de Dieu est amour. La prière est le moyen par lequel nous demandons à Dieu de nous aider à l'aimer et c'est ce que nous entendons lorsque nous demandons la miséricorde de Dieu. Il va sans dire que Dieu est amour et son amour est là pour que nous en fassions l’expérience, donc nous ne demandons pas à Dieu de nous aimer car nous tenons pour acquis que son amour pour nous est total et inconditionnel. C'est nous qui devons nous prendre soin de nous afin que nous puissions être en mesure de vivre l'amour de Dieu. C'est nous qui avons un problème dans notre relation avec Dieu. Quand nous demandons la miséricorde de Dieu nous lui demandons en fait de guérir notre existence de manière à lui permettre de se reposer au plus intime de nos propres cœurs et de faire advenir l'union avec son amour. C'est ce que nous devons d'abord et avant tout demander à Dieu. Lorsque cela se produit alors Dieu nous offre tout ce dont nous pouvons avoir besoin. En fait, lorsque ce besoin premier a été satisfait alors tous les autres besoins semblent s'estomper, ils ne sont plus si importants pour nous. Nous voyons les choses sous un angle différent et même nos infirmités ne sont pas considérées comme un fardeau mais comme une bénédiction. Nous pouvons en voir un exemple dans la vie de Saint Paul : Après avoir décrit comment il a été ravi au troisième ciel et il a entendu des paroles ineffables, qu'il n'est pas licite pour un homme de prononcer, il était en danger de se glorifier de sa sainteté s'il ne se rappelait pas qu'il avait une maladie corporelle de la chair qui ne cessait de lui rappeler qu'il n'était qu'un homme. Il dit textuellement

"Je ne me glorifierai pas, sinon de mes infirmités. Si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité ; mais je m'en abstiens, afin que personne n'ait à mon sujet une opinion supérieure à ce qu'il voit en moi ou à ce qu'il entend de moi. Et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, à cause de l'excellence de ces révélations, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir. Trois fois j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ repose sur moi. C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. »(2 Cor 12: 5-10).

vendredi 15 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [3]


"La prière est un entretien familier du noûs avec Dieu. Quel doit donc être l'état du noûs, pour qu'il ait la vigueur de s'étendre sans retour jusqu'au Maître de maison, et qu'il ait commerce avec lui sans aucun intermédiaire ?"
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



La puissance et la nécessité de la prière par P. Christophe Klitou [1]

"Beaucoup de gens aujourd'hui ne comprennent pas la puissance de la prière et la nécessité de la prière dans son ensemble. La plupart des gens ne se souviennent qu'il y a un Dieu que quand ils ont besoin de quelque chose, alors ils ont le plus souvent recours à la prière quand ils souffrent de quelque mal, quand un de leurs proches est malade, quand ils sont en difficulté, quand ils ont besoin d'une aide financière, quand ils postulent pour un nouveau poste, en général, quand ils ont besoin de quelque chose de ce monde. En toute autre circonstance ils pensent rarement à Dieu et vivent leur vie sans Dieu et sans prière. D'autres encore ont pris l'habitude de prier le matin ou avant d'aller au lit, mais ne ressentent pas le besoin de prier de toute la journée. Les rares occasions où ils ont recours à la prière, ils attendent que Dieu réagisse en répondant à leurs prières. S'il ne le fait pas cela affecte alors leur foi en Lui et souvent, les gens perdent la foi et disent que Dieu ne les a pas aidés quand ils en avaient besoin. La prière de ce point de vue n'est pas du tout de la prière. Le sens de la prière a été grossièrement déformé par rapport à son objectif principal qui est la communion avec Dieu. Alors, comment devons-nous prier et pour quelles choses devrions-nous prier ? Le Christ Lui-même, dans son Sermon sur la Montagne, nous a appris à prier et nous a dit pour quelles choses nous devrions prier. Il a dit:
"Quand tu pries, entre dans ta chambre, et quand tu auras fermé ta porte, prie ton Père qui est dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te récompensera." (Matthieu 6:6)"


Commentaire de St Jean Chrysostome sur la prière



« Ainsi lorsque vous priez, ne faites point comme les hypocrites qui affectent de prier en se tenant debout dans les synagogues et dans les coins des rues, afin qu’ils soient vus des hommes : Je vous dis en vérité que déjà ils ont reçu leur récompense.»
« Mais vous, lorsque vous priez, entrez en un « lieu retiré de votre maison, et fermant la porte, priez votre Père en secret.» Jésus-Christ appelle encore ces personnes hypocrites, et très justement, puisque, feignant de prier Dieu, ils ne font que regarder les hommes autour d’eux, et qu’ils ressemblent moins à des suppliants qu’à des comédiens. Car celui qui prie vraiment Dieu, quitte tout le reste, et n’est attentif qu’à Celui qui a le pouvoir de lui accorder sa demande. Que si vous le quittez pour porter ailleurs votre attention et vos regards, et partout à la ronde, vous vous en retournerez les mains vides, c’est-à-dire avec ce que vous avec demandé. C’est pourquoi Jésus-Christ ne dit pas que ces personnes ne recevront point leur récompense, mais qu’ils l’ont déjà reçue; c’est-à-dire qu’ils l’ont reçue des hommes, et qu’ils ont trouvé ce qu’ils désiraient. Ce n’était pas là le dessein de Dieu. Il voulait nous donner lui-même la récompense de notre prière. Mais lorsqu’on la prétend d’ailleurs, on ne mérite pas de rien recevoir de lui, puisqu’on n’attend rien de lui. Qui n’admirera la bonté de Dieu, qui promet de nous récompenser, même de ce que nous lui avons demandé ses grâces?

mardi 12 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [2]


"Lorsque l'âme se purifie par l’accomplissement des commandements, elle rend imperturbable le bon ordre du noûs, lui donnant aptitude à l'état recherché."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



Pourquoi nos prières ne sont-elles pas pas entendues ?

Nos prières ne sont pas entendues parce que nous ne sommes pas dignes.


L’Ancien Porphyrios nous dit que «le moindre murmure contre ton prochain affecte ton âme et te rend incapable de prier." Nous devons nous rendre dignes de la prière, nous conseille-t-il. Et notre indignité provient de notre incapacité à aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Jésus dit:

« Si tu présentes ton offrande à l'autel et là que tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère et ensuite présente ton offrande. » Matt. 5:23 - 4
La vraie prière n'est pas facile. Elle est fondée sur une relation étroite avec Dieu. Elle a besoin d'un abandon de soi à Dieu et à Sa volonté.

L’Ancien Porphyrios dit :

« Ceux qui désirent et ont soif d'appartenir au Christ et qui s’abandonnent eux-mêmes à la volonté de Dieu deviennent dignes. »

C'est le plus grand défi spirituel de renoncer à notre volonté et se le soumettre à Sa volonté. C'est une nécessité d’être capable de garder tous ses commandements. C'est le signe de notre amour de Dieu. »

Jésus dit:

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père et je l'aimerai et je me manifesterai à lui. » Jean 14:21
Pour être en union avec Dieu nécessite un grand effort de notre part.

L’Ancien dit :

"Nous avons à lutter avec le lion rugissant"

vendredi 8 octobre 2010

LEÇONS SUR LA PRIÈRE de notre saint Père Nil l'ascète [1]


"Si l'on veut préparer un encens d'agréable odeur, il faut  prendre de l'encens pur, de la casse, de l'onyx, une résine odorante, en quantité égales selon la Loi. C'est là la tétrade des vertus. Si donc elles sont complètes et atteignent le même degré, le noûs ne se trahit pas."
(in Aux cîmes de l'intelligible éd.Axios) 



dimanche 3 octobre 2010

LA PRIÈRE DU SEIGNEUR - ΠΑΤΕΡ ΗΜΩΝ

Πάτερ ἡμῶν ὁ ἐν τοῖς οὐρανοῖς ·
ἁγιασθήτω τὸ ὄνομά σου ·
ἐλθέτω ἡ βασιλεία σου ·
γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ καὶ ἐπὶ τῆς γῆς ·
τὸν ἄρτον ἡμῶν τὸν ἐπιούσιον δὸς ἡμῖν σήμερον ·
καὶ ἄφες ἡμῖν τὰ ὀφειλήματα ἡμῶν,
ὡς καὶ ἡμεῖς ἀφίεμεν τοῖς ὀφειλέταις ἡμῶν ·
καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν,
ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηρο



Il ne faut pas penser qu'il y a une seule version de la prière du Seigneur (la "bonne"),
 allez voir sur ce merveilleux site !


Voici quelques traductions en français :

Français (Assemblée des évêques orthodoxes de France): Notre Père
Français: Notre Père
Français (La plus ancienne traduction connue en français - XIIe siècle): Li nostre Perre
Français (XIIe siècle v2): Sire Pere
Français (Anglo-Norman du XIIe siècle): Li nostre Pere
Français (XIIIe siècle): Nostre Peres
Français (Raoul de Presles, fin XIVe siècle): Nostre Pere
Français (Piccard XVe siècle): Peres nostres
Français (Bible protestante XVIe siècle): Nostre pere
Français (Clément Marot XVIe siècle): Pere de nous
Français (Bible protestante du XVIe siècle Pierre Robert Olivetan): Nostre Pere
Français (Confession de foi de Genève XVIe siècle Jean Calvin): Nostre Pere
Français (Traduction catholique du XVIe siècle Yves d'Evreux): Nostre Pere
Français (Bible Protestante du XVIIe siècle Maresior): Nostre pere
Français (Bible catholique du XVIIe siècle Lemaitre de Sacy): Notre Pere
Français (Bible Protestante du XVIIIe siècle David Martin): Nostre pere
Français (Bible Catholique du XVIIIe siècle Richard Simon): Nôtre pere
Français (Bible Protestante du XIXe siècle J.-F. Ostervald): Nostre pere
Français (Bible Protestante du XIXe siècle Darby): Notre Père
Français (Bible Catholique du XIXe siècle Augustin Crampon): Notre Père
Français (Traduction Louis Segond 1881): Notre Père
Français (La Version Synodale 1910): Notre Père
Français (Traduction par spécialiste de l'Hébreu Paul Joün 1930): Notre Père
Français (Traduction par Émile Osty 1948): Notre Père
Français (La Bible de Jérusalem 1950): Notre Père
Français (La Bible en français courant 1982): Notre Père
Français (Traduction Œcuménique de la Bible 1988): Notre père
Français (Traduction d'André Chouraqui 1989): Notre père
Français (Français fondamental 1990): Notre Père
Français (Traduction de Claude Tresmontant 1991): notre père
Français (Bible de la Liturgie 1993): Notre Père
Français (Bible du Semeur 2000): Notre Père
Français (Bible "des écrivains" Bayard 2001): Notre Père
Français (Nouvelle Bible Segond NBS 2002): Notre Père
Français (Traduction Littérale par Louis Pernot): Notre Père
Français (Traduction Explicative par Louis Pernot): Notre Père

Lire l’intéressant débat qui a eu lieu sur le " Forum Orthodoxe "
à partir du livre de " Jean-Marie Gourvil "sur la traduction du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer dans l'épreuve" Une nouvelle traduction orthodoxe du Notre Père » paru aux éditions Editions F.-X. de Guibert

samedi 2 octobre 2010

Fixer précisément une durée pour la prière par Théophane le Reclus Saint (Lettre 71)

St Théophane écrit :
"Pourquoi la hâte se produit-elle dans la prière ? C’est incompréhensible. Nous passons des heures, impliqués dans des tas d'autres choses, et elles nous semblent des minutes ? Mais à peine avons-nous commencé à prier qu’il semble que nous y sommes depuis longtemps. Et puis nous avons le sentiment que nous devons nous dépêcher pour terminer le plus tôt possible. On ne tire aucun profit d’une telle prière. façon. Que devrait-on faire ? "

N'est-ce pas vrai d’un événement sportif, d’un film ou d’un concert. Cela commence à un moment donné et normalement nous savons quand cela prendra fin, par conséquent nous ne se sentons pas bousculés quand nous y sommes. Nous nous laissons la possibilité d’être emportés par l'événement lui-même. C'est ce que devrait devenir la prière. Nous ne devrions pas essayer de la mettre en haut de la pile après avoir tassé tout le reste de force. Il y a un temps fixé qui est sacré, pour un rendez-vous que nous avons pris avec Dieu.

Saint Théophane continue ainsi :
"... Certains procèdent ainsi : Définissez une durée de la prière : un quart d'heure, une demi-heure ou une heure (ce qui est approprié pour votre niveau de prière), et ajustez votre veille de sorte que votre horloge sonne après la demi-heure ou l'heure la fin de la prière. Lorsque vous commencez la prière, ne vous préoccupez pas du nombre de prières à lire, mais seulement d’élever votre cœur et votre esprit vers le Seigneur dans la prière, et continuez dignement pendant ce moment mis à part. D'autres déterminent combien de prières on peut faire sur le komboskini dans un temps donné et procèdent d'une manière calme et sereine pour les compter sur le chapelet. Ils se tiennent en esprit devant le Seigneur, ou conversent avec Lui avec leurs propres paroles, ou récitent quelque prière, et c'est ainsi qu'ils vénèrent pieusement sa gloire sans fin. "

Ce que Saint Théophane dit c’est que si nous avons un moyen défini – quel qu’il soit – de savoir quand nos prières doivent commencer et se terminer, nous ne nous préoccuperons pas de l'horloge, mais plutôt de notre prière et de notre relation avec Dieu. Cela nous permet de libérer notre esprit des activités qui se rapportent à tous nos soucis du monde. Si de nos jours, nous ne disposons généralement plus d'une horloge qui sonne les heures, nous pouvons utiliser à la place un minuteur électronique de façon à atteindre pareillement le même objectif exposé par St Théophane.

Il continue ainsi :
"... Choisissez l'une de ces méthodes pour vous et tenez-vous avec sérieux. Vous et moi ne pouvons avancer sans règles précises."

Puis il nous nous avertit du risque que nous courons à nous stresser dans nos prières. Il considère cela comme capital.

Voici ce qu’il écrit :
"... Se hâter pendant nos prières est inutile Peut-être que vous ne pourrez lire qu’une seule prière ou un seul psaume pendant tout votre temps. Il y avait une personne qui n’était capable de réciter que la prière du Seigneur durant son temps de prière régulière ; chaque verset constituait en soi une prière complète. Une autre personne, à qui on avait parlé de cette manière acceptable de prier, révéla qu’il avait utilisé tout le temps des Matines à réciter le Psaume 50. "Aie pitié de moi, ô Dieu, selon ta grande miséricorde»  et qu’il avait manqué de temps pour terminer. "

Si nous pouvons préserver le temps que nous réservons à la prière comme un temps sacré, alors nous ne se sentirons pas pressés et notre prière pourra suivre son cours naturel, sans que nous ayons à nous préoccuper si nous aurons assez de temps. Définissez ainsi un point de début et un point final pour vos prières.

Le temps viendra où vous n'aurez pas besoin de règles. "Pour ceux qui peuvent prier avec ferveur, aucune règle n’est nécessaire », dit saint Théophane.

vendredi 1 octobre 2010

Prendre le temps de prier


Mon rendez-vous avec Dieu

« J’ai devancé l’heure et j’ai crié ; J’ai mis tout mon espoir dans tes paroles »
 (Ps 118: 147)
« Le lendemain s’étant levé de fort grand matin, il sortit, et il s’en alla dans un lieu désert et il priait. » Marc 1:35.

Luc Lepage (Lucassie)

Pour beaucoup, prendre du temps pour la prière est l'un des plus grands obstacles à l'établissement de la prière comme une pierre angulaire de leur vie. Nos vies sont devenues surchargées d'activités. Nos enfants sont programmés à outrance avec l'école, les sports, la musique, la danse et les autres activités. Bien sûr, les parents sont également affectés par leur emploi du temps chargé. Nous sommes conditionnés de toutes sortes de manières par les téléphones cellulaires et notre temps se partage concurremment entre l'Internet et la télévision. Alors, comment trouver du temps pour prier?

La clé du temps pour la prière est de se lever tôt le matin. Bien sûr, cela signifie que vous aurez à aller au lit plus tôt. Nous avons besoin de créer un temps de tranquillité tôt le matin car c'est le moment où notre esprit est le plus calme et le mieux disposé pour la prière. Il est essentiel de commencer la journée par la prière pour obtenir la force d'affronter toutes les tentations de la journée.


Pensez à régler votre réveil 30 minutes plus tôt. Cela vous donnera le temps de prier et de vous préparer pour la journée tranquillement. Après la prière, et quand vous avez satisfait à tous vos besoins d'hygiène personnelle, vous devez planifier votre temps pour d'autres responsabilités telles que préparer les enfants pour l'école. Vous devez prévoir un temps suffisant pour prendre un petit déjeuner agréable et convivial. Ne vous emparez précipitamment de quoi de manger dans la voiture à la va vite. 


La prochaine étape est de décider de ce qu'il faut supprimer de votre journée pour que vous puissiez aller au lit une heure plus tôt. Cela vous donnera 30 minutes à la fin de votre journée pour penser à Dieu, pour prier, et lire les textes sacrés ou d'autres ouvrages des Pères de l'Église. Vous devez modifier consciemment quelque chose dans votre routine quotidienne. Sinon, vous n'aurez créé aucun nouveau moment pour cette activité qui est la plus importante.

Passez en revue les activités qui prennent tout votre temps dans la soirée. Très probablement, la télévision est le principal coupable. Abandonner un seul de vos programmes et vous aurez automatiquement une heure de plus pour commencer la journée du bon pied. L’utilisation des médias constitue un fardeau énorme sur nos vies. Une récente enquête menée par Nielsen Media Research montre qu’en moyenne une personne passe plus de temps que jamais devant la TV, plus de 133 heures par mois. De plus nous passons en moyenne 26 heures de plus sur Internet. Ces deux activités ont montré une augmentation importante par rapport à l'année précédente. Maintenant, le téléphone est connecté à l'Internet et on peut même passer encore 3 heures à regarder les vidéos et la télévision sur le téléphone. À notre époque l’utilisation du téléphone mobile prend désormais une partie importante de notre temps en étant également un instrument qui détourne et disperse notre attention. D'autres études montrent que nous passons plus de 70 heures par semaine sur les médias d'information connexes. Il y a donc lieu principalement de regarder comment réaffecter votre emploi du temps afin que vous puissiez prendre le temps d'être avec des amis, d’aider les autres dans le besoin, ou de prendre le temps pour prier quotidiennement, assister aux services religieux et surtout pour obtenir un début de journée calme chaque matin..


Grâce à la technologie d'aujourd'hui, vous pouvez enregistrer ces émissions, de la même façon si regarder les Actualités  vous prend du temps, vous pouvez vous tenir au courant sur Internet toute la journée sans regarder un seul journal télévisé. Extrayez de votre journée un espace sacré de 60 minutes pour vous donner de l'espace le matin et le soir afin d’être avec Dieu.

Apporter du travail à faire à la maison peut encore parasiter votre emploi du temps aussi bien qu'une maladie spirituelle mortelle. Si vous avez l'habitude d'apporter votre travail à la maison, examinez attentivement cette pratique, car cela pourrait nuire à votre vie spirituelle. Le travail devrait être comme une veste que vous portez lorsque vous êtes dehors, mais que vous enlevez quand vous revenez dedans et que vous suspendez dans le placard. Faites de même avec votre travail. Mettez la serviette et le téléphone portable dans le placard. N’allumez pas l'ordinateur pour vérifier le courrier électronique ou surfer sur Internet.
Quand vous êtes à la maison concentrez-vous sur votre famille. Écoutez votre conjoint et vos enfants. Essayez d’entrer dans leur monde, de vous réjouir de leurs joies et de montrer de la compassion pour leurs épreuves et tribulations de la journée. Devenez un précieux soutien pour leurs luttes. Ce retour à la maison doit être couronné d'un repas pris ensemble. Ne laissez pas l'heure du repas devenir un événement improvisé où les membres de la famille prennent leur nourriture et s’empressent de regagner leurs territoires pour manger. Ne laissez pas d'autres engagements interférer avec vos horaires des repas. L’heure du repas est le meilleur moment pour le partage dans de rapprochement de tous. Tout comme nous venons tous ensemble en tant que communauté chrétienne pour la Divine Liturgie pour le repas sacré, vous avez aussi besoin de vous réunir en tant que famille, en union avec ceux qui vous aiment pour partager le besoin le plus fondamental que nous ayons, la nourriture pour alimenter nos corps , et transformer ce partage en une activité sacrée à travers notre amour les uns pour les autres. A chaque repas, offrez une prière de remerciement pour la nourriture qui va être mangée, pour la joie de vivre en famille, pour le pardon des péchés qui ont été commis ce jour-là, et pour une bénédiction que les aliments nous nourrissent à la fois physiquement et spirituellement.


Une fois que vous aurez créé de la disponibilité, prenez l’engagement de garder un moment précis pour vos prières. Pensez à heure de la prière comme à un rendez-vous avec Dieu. Pour tout rendez-vous il faut une heure et un lieu de rencontre. Ce n'est pas facile et la liste des choses à faire sera toujours supérieure au temps dont nous disposons pour la compléter. Donnez alors un caractère sacré à cet espace et accordez-lui toute votre protection.

Il est maintenant temps de cesser de se trouver des excuses. Ce n’est pas sans risque quand on pense que Dieu comprend quand on rogne sur le temps de notre prière, à cause de toutes les pressions et les contraintes de notre mode de vie surmené. Dieu n'est pas favorable à ceux qui choisissent de ne pas le placer en premier. Il est vrai également qu’Il connaît nos combats, a une grande compassion pour notre condition, et est prêt à nous aider à y faire face. Mais nous devons d'abord faire l'effort d'être en relation avec lui et avec humilité rechercher son aide.

Si vous avez ce désir de trouver plus de temps pour la prière, mais que vous estimez que vous devez réexaminer votre vie et vous fixer de nouveaux objectifs, avec de nouvelles priorités, envisagez de travailler un bon livre sur ce sujet.
lisez également les conseils de St Théophane Le Reclus (lettre 71)

Monachisme et Laïcat par Paul Evdokimov

Le caractère universel de la spiritualité monastique



"L’Occident a canonisé le monachisme et le laïcat comme deux formes de vie : une, répondant aux consilia, conseils, l’autre, aux praecepta, préceptes de l’Évangile. L’unique absolu s’est trouvé dès lors brisé. D’une part s’avancent les parfaits, de l’autre côté se tiennent les faibles, vivant dans les demi-mesures. Une certaine conception ascétique ne justifie la vie conjugale que pour autant qu’elle engendre des vierges et peuple les couvents.
Le caractère foncièrement homogène de la spiritualité orientale ignore la différence entre les “ préceptes ” et les “ conseils évangéliques ”. C’est dans sa totale exigence que l’Évangile s’adresse à tous et à chacun. “ Quand le Christ, dit saint Jean Chrysostome, ordonne de suivre la voie étroite, il s’adresse à tous les hommes. Le moine et le séculier doivent atteindre les mêmes hauteurs ” (7). On voit bien, il n’existe qu’une seule spiritualité pour tous, sans aucune distinction, quant à son exigence, en évêque, moine ou laïc, et c’est la spiritualité monastique (8). Or, celle-ci est formée par les moines-laïcs, ce qui donne au terme “ laïc ” un sens maximalement spirituel et ecclésial.
En effet, selon les grands maîtres, les moines ne sont pas autre chose que ceux qui veulent “ être sauvés ”, “ ceux qui mènent la vie selon l’Évangile ”, “ cherchent l’unique nécessaire ” et “ se font violence en tout ” (9). Il est parfaitement évident que ces paroles définissent très exactement l’état de tout croyant-laïc. Saint Nil estime que toutes les pratiques monacales s’imposent au gens du monde (10). Comme le dit encore une fois saint Jean Chrysostome : “ Ceux qui vivent dans le monde bien que mariés, doivent par tout le reste ressembler aux moines ”. “ Vous vous trompez tout à fait, si vous pensez qu’il est des choses exigées des séculiers et d’autres des moines... ils auront les mêmes comptes à rendre ” (11). La prière, le jeûne, la lecture des Écritures, la discipline ascétique, s’imposent à tous au même titre. Saint Théodore Studite dans sa lettre à un dignitaire byzantin dresse le programme de la vie monastique et précise : “ Ne croyez pas que cette liste vaille pour le moine et non pas, tout entier et également pour le laïc ” (12).
Quand les Pères parlaient, ils s’adressaient a tous les membres du Corps, sans aucune distinction entre le clergé et le laïcat, ils parlaient au sacerdoce universel. Le pluralisme actuel des théologies de l’épiscopat, du clergé, du monachisme, du laïcat, étant inconnu au temps des Pères, serait même incompréhensible pour eux. L’Évangile dans sa totalité s’applique à tout problème particulier de tout milieu."
(extrait de Le monachisme intériorisé)


7)    In epist. ad haebr., 7, 4 ; 7, 41 ; Adv. oppugn vitae monast. 3, 14.
8)    Cf H. Pourrat, La spiritualité chrétienne, I, ix.
9)    Évagre le Pontique, P.G. 79, 180D.
10)  Epist., I, 167, 169 ; cf. Hom. in Éph.
11)  Hom. in epist. ad haebr., 7, 41.
12)  P.G. 99, 1388.

mardi 28 septembre 2010

LA PÉRICHORÈSE LITURGIQUE par l'Archimandrite Basile du monastère d'Iviron

Un beau texte de l'Archimandrite Basile du Saint Monastère d'Iviron (ex archimandrite du saint monastère de Stavronikita) sur la liturgie.


"Tu n'es pas isolé ni séparé des autres hommes et du reste du monde. Tu n'es pas enfermé dans la prison de l'espace. Tu n'es pas asphyxié par la condamnation du temps. Ta vie n'est pas un verre d'eau qui si tu le bois te laisse aussi assoiffé qu'avant, et si tu ne le bois pas va croupir devant tes yeux. Tu n'es pas une partie mécanique d'un tout sans fin, ni un individu dans une foule anonyme. Le Maitre de la vie a brisé les serrures de l'existence mécanique.
Tu es un membre organique d'un mystère théantropique. Tu as un service concret, petit, infime, par lequel tu communies avec le tout. Dans ton être, dans ton caractère, est récapitulé et agit le mystère de la vie. Tu es image de Dieu. Tu ne vaux pas par ce que tu as, mais par ce que tu es. Tu es frère de Dieu. Nous entrons tous ainsi dans la fête des premiers-nés.
Tu connais dans la texture même de ta personne, dans la structure de ton être, le Dieu qui domine l'univers. Tu Le vois marcher. Tu discernes Ses traces dans ton insatiable soif de vie et dans ton amour. Ton combat pour parvenir à Lui est la vision même de Sa face. C'est ainsi qu'est fait ton être.
La Liturgie n'est pas une simple prédication. Elle n'est pas une audition. Elle n'est pas un spectacle. La Liturgie ne vieillit jamais. Ce qu'elle donne à boire ne s'épuise pas. Nul ne peut dire qu'il l'a apprise ou qu'il s'est accoutumé à elle, parce qu'il lui est arrivé une fois de la comprendre, ou parce qu'il lui est arrivé une fois d'être emporté par son attraction.
Les fidèles ne suivent pas en auditeurs ou en spectateurs quelque chose qui les émeut plus ou moins. Les fidèles participent à la Divine Liturgie. C'est dans chaque fidèle, et dans l'assemblée liturgique, qu'est célébré le mystère. Nous ne voyons pas le Christ hors de nous, nous Le rencontrons en nous. Le Christ se forme en nous. Les fidèles deviennent des Christs par la grâce.
Il se fait ici par la grâce une merveilleuse périchorèse et une identification sans confusion. L'homme tout entier, corps et esprit, entre dans le monde simple de la grâce trinitaire incréée. Et en même temps il reçoit en lui le Christ avec le Père et l'Esprit. Dieu tout entier s'offre à l'homme, Il fait en lui sa demeure. Et l'homme tout entier s'offre à Dieu: «confions-nous nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre vie, au Christ notre Dieu ». « Dieu uni à des dieux et connu par eux ».
Voir le Christ au dehors, objectivement, L'aimer sans repentir, pleurer par compassion comme les filles de Jérusalem, mène au sentimentalisme instable, extérieur à la Liturgie. Au contraire, la hiérurgie liturgique, par son calme, permet la conduite et le comportement orthodoxes justes: la tendresse douloureuse. Ni la joie ne rit aux éclats et ne blesse l'affligé, ni la peine n'accable et ne désespère le faible. Partout règne la tendresse douloureuse qui secrètement, inépuisable console, réjouit, réconcilie tous les hommes.
Autre est le sentimentalisme humain, et autre la douloureuse tendresse liturgique. L'un est une excitation épidermique et un tourment biologique, l'autre cloue l'homme et le console, révélant aux frontières de l'existence notre nature pareille à Dieu : quelque chose qui te charge d'un lourd devoir et en même temps te donne les ailes d'une invincible espérance.
L'homme, dans ses profondeurs inconnues, cache un trésor divin.
Quand il est en souci, il n'est jamais déçu dans l'Eglise. Et quand il se réjouit, il n'est pas troublé par le moindre désordre. La tristesse et la joie servent liturgiquement. Elles sont pareillement hiératiques. Elles ont la même pudeur dans leur apparence et dans leur mission. Car l'une et l'autre peuvent conduire le fidèle à la consolation du Royaume.
Se lèvent ici des possibilités profondes et inconnues que l'homme cache en lui. Tout ce qui est au monde se concentre dans son « âme », ce souffle de la vie, ce souffle passé au feu, que de Ses entrailles Dieu a insufflé en lui."

(in Chant d'entrée ed. Labor et fides-Perspective orthodoxe 1980)

Préparation à la prière : les conseils de St Théophane le reclus

St Théophane le Reclus nous donne d'excellents conseils
 pour nous préparer à la prière.



Pour prier, nous devons tirer vers l'intérieur de telle manière que les deux notre cœur et notre esprit sont absorbés dans le contenu de la prière. Cela signifie que nous devons être très attentifs aux mots mêmes de la prière et mettre de côté toutes les autres pensées.

Il utilise l’analogie suivante : se préparer à prier c’est comme s'asseoir pour écrire une note, un article ou une dissertation. Vous ne vous asseyez pas seulement s'asseoir et vous commencez à écrire. Vous devez d'abord rassembler vos pensées et vous mettre en condition pour cette tâche. Combien plus ce genre de préparation est nécessaire lorsque vous vous asseyez pour la prière.

Il écrit,
"Donc, le matin ou le soir, juste avant de commencer à répéter vos prières, d’abord tenez-vous droit pendant un certain temps, asseyez-vous pendant un moment, ou marchez un peu. Essayez de maintenir votre esprit à l’écart de toutes activités mondaines et de tout objet.

Il nous demande de mettre de côté toutes les pensées que nous avons peut-être mises en branle à propos des problèmes auxquels nous sommes mêlés, des préoccupations qui sont les nôtres au sujet des activités de la journée, ou de tous désaccords que nous pouvons avoir eues avec la famille ou des amis et ainsi de suite. Nous voulons extraire notre esprit de tous les soucis auxquels nous sommes confrontés dans ce monde, donc il peut être soulevé dans notre prière pour le royaume invisible, le ciel lui-même, où l'on trouve Dieu qui nous sommes sur le point d'adresse. 

Il continue ainsi : 
"Après cela, pensez à qui Il est, Lui vers qui vous vous tournez dans la prière. Ensuite, rappelez qui vous êtes... Qui est celui qui est sur le point de commencer cette invocation à Lui dans la prière

Dieu n'est pas moins que votre Créateur et encore plus, comme Il a créé tout ce qui est visible et invisible! Il est tout puissant et Il infiniment d’amour et de patience pour toute sa création. Il veut que tous soient en communion avec lui et que nous l’aimions comme Il nous aime. Lorsque vous vous préparez à partager votre temps avec Lui, pensez à comment vous allez vous préparer pour aller à la rencontre d'une personne très importante qui peut vous apporter une aide dont vous avez besoin pour un projet auquel vous participez. Il faut se concentrer sur les besoins de votre interlocuteur et l'ordre du jour afin que vous puissiez présenter vos besoins de manière qu'il y sera favorable. Eh bien, dans la prière vous êtes face à l'entité la plus puissante connue et vous avez besoin de vous concentrer sur qui Il est. Saint Théophane nous rappelle qu'il n'est pas notre grand-père ou une autre personne du genre. Soyez conscient de qui Dieu est quand vous entrez en prière.

Ensuite, il dit, 
«Faites cela de manière à réveiller dans votre cœur un sentiment d'humilité et de crainte respectueuse, car vous vous tenez en présence de Dieu.
Réfléchissez sur ce que signifie se trouver en présence de Dieu. C'est ce que vous faites dans la prière.

Saint Théophane dit encore, 
"Quand le cœur est conscient et sent la nécessité de la prière, ce cœur attentif lui-même ne laissera pas vos pensées glisser vers d'autres questions. Il va vous forcer à crier au Seigneur dans vos prières. Par-dessus tout, soyez conscient de votre propre impuissance: si ce n'était Dieu, vous seriez perdu Si quelqu'un qui est voué à la catastrophe devait se tenir devant la seule personne qui, en un clin d'œil, pourrait le sauver, regarderait-il çà et là pour son salut. Non, il se prosternerait devant lui et crierait miséricorde. Il en sera donc ainsi, lorsque vous approchez de Lui dans la prière avec la conscience totale du péril et la certitude que nul ne peut vous sauver si ce n’est Dieu. "

Trop souvent nous essayons d'entrer dans la prière sans nous préparer. Nous essayons d’y entrer sans soins ni pensées appropriés de la même façon que nous nous précipitons pour en finir comme s'il s'agissait d'une obligation routinière que nous avons à accomplir..

Saint Théophane dit à ce propos :
"Sans préparation, comment peut-il avoir réunion de la pensée et du sentiment dans la prière? Sans préparation, la prière se déroule en cahotant au lieu de se faire sur des fondements stables .... Une telle attitude négligente envers la prière est un crime, un crime grave, un crime capital. Considérons la prière comme le travail central de votre vie et conservez-la au centre de votre cœur. Accordez-lui le rôle qui lui revient, et non pas un rôle secondaire ! "

Souvenez-vous toujours que Dieu est votre sauveur. Faites preuve de diligence dans l'accomplissement de votre règle de prière et cela vous en tirerez de grands bénéfices lorsque vous vous préparerez bien à cet effort. Travaillez dur car vous trouverez à coup sûr des forces nombreuses qui travailleront pour vous décourager.

Saint Théophane donne enfin cet encouragement : 
"Une fois expérimentée, la prière pure vous donnera du courage et égayera votre vie spirituelle, vous parviendrez à une prière plus attentive, plus subtile, et de plus en plus profonde."