lundi 30 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (9) par St JEAN CHRYSOSTOME : Vous priver de la prière, ce serait retirer le poisson de l’eau


Il est impossible à l'homme de jouir de la familiarité divine en dehors de 1’action de l’Esprit : sa présence et son intervention dans les saints combats est nécessaire pour que nous les abordions, que nous fléchissions le genou, et que nous nous mettions à implorer et à prier. Comme s'entretenir avec Dieu est une chose au-dessus de l'homme, il faut que la grâce de l’Esprit vienne nous fortifier, nous affermir, et nous faire comprendre cet honneur incomparable. Aussi, lorsque vous saurez que vous vous entretenez avec Dieu et que l’Esprit agit en votre âme au moment de la prière, vous ne permettrez pas au démon de se glisser par aucune voie dans cette âme que l'Esprit a sanctifiée. Si les gens qui s'entretiennent avec le prince et qui sont honorés de sa familiarité, ne daignent plus s'entretenir avec des mendiants et des misérables; celui qui s'est entretenu par la prière avec Dieu ne daignera plus accepter l'entretien de l'esprit de malice et d'impiété. C'est l'esclave des voluptés qui s'entretient véritablement avec les démons et qui reproduit leur démence; mais celui qui pratique la tempérance et la justice, vit dans la société des anges, et imite la grandeur de leurs sentiments. À mes yeux, celui qui appellerait la prière le nerf de l'âme exprimerait la vérité. Comme les nerfs donnent au corps l'unité, le mouvement, la rectitude, la vie, la consistance, de telle sorte que, si on les coupait, l'harmonie du corps serait entièrement brisée; ainsi les saintes prières donnent aux âmes leur consistance, leur harmonie, et leur permet de fournir aisément la course de la piété. Vous priver de la prière, ce serait retirer le poisson de l’eau ; car, si l’eau est nécessaire à la vie du poisson, la prière l’est à la vôtre. C'est par la prière que vous pourrez prendre votre essor, franchir les cieux et vous approcher de la Divinité. Ces considérations suffisent pour montrer la vertu d'une sainte prière : il sera bon toutefois d’ouvrir les divines Écritures et d'apprendre de la bouche du Christ les trésors que la prière procure à ceux qui veulent lui consacrer toute la vie :

Luc 18 [1] Et il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. [2] «Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et n’avait de considération pour personne. [3] Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait le trouver, en disant : Rends-moi justice contre mon adversaire ! [4] Il s’y refusa longtemps. Après quoi il se dit : ‘J’ai beau ne pas craindre Dieu et n’avoir de considération pour personne, [5] néanmoins, comme cette veuve m’importune, je vais lui rendre justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me rompre la tête’.» [6] Et le Seigneur dit : «Écoutez ce que dit ce juge inique. [7] Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, tandis qu’Il patiente à leur sujet ! [8] Je vous dis qu’Il leur fera prompte justice.  

mercredi 25 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (8) par St JEAN CHRYSOSTOME : la prière est le principe de toute justice et de toute vertu,

Quoi de plus saint que de s'entretenir familièrement avec Dieu, quoi de plus juste, quoi de plus beau, quoi de plus sage? Si les personnes qui fréquentent des sages, arrivent bientôt par suite de ces rapports fréquents à leur ressembler, que faudra-t-il dire de celles qui par la prière conversent avec Dieu ? De quelle sagesse, de quelle vertu, de quelle intelligence, de quel amour du bien, de quelle modestie, de quelle bonté ne seront-elles pas redevables à la prière? En sorte que l'on peut dire sans crainte de se tromper que la prière est le principe de toute justice et de toute vertu, et que nul sentiment favorable à la piété ne saurait pénétrer dans l'âme sans le secours de la prière.


De même qu'une ville sans remparts tombera facilement au pouvoir des ennemis à cause de l'abandon où sont ses défenseurs, de même le démon se rendra maître aisément de l'âme que ne protège pas la prière, et il la remplira sans peine de toute sorte de péchés. Quand il voit l’âme couverte de cette armure, il n'ose s’en approcher, il redoute la force et la puissance que lui donnent les prières, car elles fortifient l’âme, plus que la nourriture le corps. De plus, ceux qui prient avec ferveur ne supportent rien qui soit indigne de la prière et par respect pour le Dieu avec lequel ils viennent de s'entretenir, ils repoussent avec promptitude les efforts de l'esprit pervers, songeant en eux-mêmes quel crime ce serait, après avoir parlé au Seigneur, lui avoir demandé la sainteté et la chasteté, de passer aussitôt du côté du démon, d’accueillir dans leur esprit les jouissances honteuses, d’ouvrir au diable un accès dans ce cœur où Dieu s’est reposé naguère, et de permettre aux démons de pénétrer dans leurs âmes lorsqu’elles ont été comblées, par la grâce de l’Esprit, de charité et de bienfaits. Comment cela, je vais vous le dire. (à suivre)

lundi 16 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (7) par St JEAN CHRYSOSTOME : Une chose est commune aux anges et aux hommes : la prière

Que la prière soit la source de tout bien, le principe du salut et de la vie éternelle, il n'est personne qui l'ignore. Cependant il ne sera pas inutile de traiter ce sujet dans la mesure de nos forces, afin que les personnes accoutumées à une vie de prière et à s'appliquer avec zèle au culte de Dieu, deviennent par ces paroles plus ferventes ; et pour celles qui vivent dans la négligence et qui laissent leur âme privée de prière, afin que comprenant le temps qu'elles ont perdu, elles n'achèvent pas de compromettre leur salut durant le reste de leur vie. 
Une grande chose que nous pouvons dire de suite sur la prière est que quiconque prie s'entretient avec Dieu. Or, quel honneur, il y a pour l'homme à s'entretenir avec Dieu, tout le monde le comprend ; mais expliquer cet honneur par des paroles, personne ne le pourrait. Cet honneur s'élève même au-dessus de la dignité des anges; et, comme ils le savent bien, nous les voyons tous dans les prophètes offrir au Seigneur avec un profond saisissement leurs cantiques et leurs hommages, se couvrir le visage et les pieds dans le respect dont ils sont pénétrés, exprimer la frayeur qui les anime par leur vol et par leur incessante mobilité ; nous instruisant, ce me semble, à oublier nous-mêmes notre humanité au temps de la prière, et dans la terreur et la crainte dont nous serons remplis, à ne voir aucune des choses présentes, à nous croire transportés au milieu de ces purs esprits pour rendre à Dieu le culte qu'ils lui rendent eux-mêmes. Si des différences profondes séparent en tout le reste la condition des anges et la nôtre ; s'ils se distinguent de nous par la nature, par la manière de vivre, par la sagesse, par l'intelligence et par une foule d'autres points, une chose est cependant commune aux anges et aux hommes, la prière, et sous ce rapport il n'y a point de différence entre ces deux natures. La prière vous sépare des bêtes, la prière vous réunit aux anges: il ne tardera pas à partager leur société, leurs moeurs, leur genre de vie, leur dignité, leur noblesse, leur sagesse, leur intelligence, celui qui s’appliquera à consacrer toute sa vie à la prière et au culte de Dieu.

dimanche 1 juin 2014

SUR LA PRIÈRE (6) par St JEAN CHRYSOSTOME : Quand les démons nous voient protégés par la prière, ils s'enfuient aussitôt


Car la prière ne nous est pas moins indispensable à nous, hommes, que les eaux ne le sont aux arbres. Ni les arbres ne peuvent produire du fruit s'ils ne s'abreuvent par les racines, ni nous-mêmes ne pourrons produire les fruits précieux de la piété en dehors des eaux de la prière. Aussi faudrait-il qu’à notre lever nous prévinssions le soleil en offrant à Dieu nos hommages, et que nous les lui offrissions de même au moment de prendre notre repas ou notre sommeil : ou plutôt, à toutes les heures, nous devrions offrir à Dieu une prière et observer cette règle durant la journée tout entière. Dans la saison de l'hiver, consacrons à la prière la plus grande partie de la nuit,fléchissons le genou avec une crainte et un recueillement profonds, et cherchons notre bonheur dans le culte de Dieu. Comment, je vous le demande, regarderiez-vous le soleil sans avoir adoré celui qui envoie à vos yeux cette lumière si douce? Comment prendre votre repas sans avoir adoré l'auteur et le dispensateur de tant de biens ? Avec quelle espérance aborderez-vous le temps de la nuit, à quels rêves vous attendrez-vous si, au lieu de prendre l'armure de la prière, vous vous plongez sans précaution dans le sommeil ? Vous deviendrez facilement le jouet et la victime des démons pervers qui rôdent sans cesse et épient l'occasion où ils pourront nous surprendre, et enlever rapidement celui d'entre nous qui ne posséderait pas l'arme de la prière. Quand ils nous voient protégés par la prière, ils s'enfuient aussitôt comme des brigands et des malfaiteurs apercevant le glaive du soldat suspendu sur leur tête. Quand ils rencontrent quelqu'un dénué du prières, ils le saisissent, l'emportent et le précipitent dans le péché, dans les désastres et dans tous les maux. Que la crainte de ces dangers nous détermine à nous munir toujours des armes défensives des hymnes et des prières, afin que Dieu, ayant pitié de tous nous rende dignes du royaume des cieux, par son Fils unique, auquel gloire et puissance soient dans les siècles des siècles.