Mais le même Apôtre nous engage à pleurer ceux qui pleurent (Ro 12, 15). Écrivant aux Galates, il pleurait sur les ennemis de la croix du Christ (Ph 3, 18). Qu’est-il besoin de citer Jérémie, qui a tant pleuré ; Ézéchiel, qui, par l’ordre de Dieu, écrit les lamentations des princes (Éz 2, 9 - 7, 27), et beaucoup d’autres saints qui versent des larmes ? Hélas ! ma mère, pourquoi m’avez-vous mis au monde ? (Jr 15, 10) Hélas ! on ne trouve plus de saint sur la terre ; parmi les hommes on n’en trouve plus aucun qui agisse avec droiture. Hélas ! je suis comme un homme qui dans la moisson ne recueille qu’une vile paille (Mi 7, 1-2). En un mot, examinez les paroles des justes ; et si vous trouvez que partout ils font entendre une voix triste, vous serez convaincu que tous déplorent les misères de ce monde, et les maux de cette vie malheureuse. Hélas ! dit saint Paul avec David, pourquoi mon pèlerinage a-t-il été prolongé (Ps 119, 5) ? Il désire d’être dégagé des liens du corps et de vivre avec Jésus-Christ (Phi 1, 23) : il s’afflige donc de la durée de son pèlerinage comme étant un obstacle à la joie éternelle qu’il attend. David, dans ses cantiques, nous a laissé une lamentation sur la mort de son ami Jonathan. Il a pleuré même son ennemi. Votre mort me pénètre de douleur, ô mon frère Jonathan ! Filles d’Israël, pleurez sur Saül (2 R 1, 24.26). Il pleure ce prince comme étant mort dans le péché, et Jonathan comme lui ayant été uni étroitement durant toute sa vie. Qu’est-il nécessaire de rapporter d’autres exemples ? Le Seigneur lui-même a pleuré sur Lazare et sur Jérusalem (Jn 11, 35 ; Lc 19, 41) : il trouve heureux ceux qui s’affligent et qui pleurent (Mt 5, 5 ; Lc 6, 21). Or, dira-t-on, comment ces exemples s’accordent-ils avec le précepte de l’Apôtre : Réjouissez-vous toujours ? Les larmes et la joie ne viennent pas du même principe. Les larmes sont causées par l’impression d’un accident imprévu : c’est comme un coup qui frappe l’âme, qui la resserre, qui fait que le sang se rassemble et se presse dans le cœur. La joie est un transport de l’âme qui est agréablement flattée par quelque événement heureux. Le corps offre différents symptômes de la joie et de la tristesse. Un chagrin violent fait pâlir le visage, le rend livide et le refroidit. Dans la joie, il devient brillant, il se peint d’une couleur vermeille ; on dirait que l’âme veut s’échapper, et que le plaisir qu’elle éprouve se répand au-dehors.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire